La prequel à NieR Automata revient après plus de 10 ans d’absence sur PS4, Xbox One et PC. NieR Replicant, en version remaster/upgrade, qui raconte l’origine de l’univers de NieR se passant avant les événements d’Automata. Jeu souvent méconnu des joueurs ou difficile d’accès jusqu’à aujourd’hui, Square Enix rectifie le tir en proposant un jeu plus complet et d’actualité pour le plus grand plaisir des fans de cet univers sombre et tellement poétique.
L’univers des jeux Yoko Taro allant de Drakengard à Nier Automata est compliqué et torturé. Pratiquement tout n’est que désolation, désespoir, mort, tristesse et drame. La dépression n’est jamais bien loin. Sérieusement, il n’y a rien de joyeux dans cet univers. C’est la déprime totale. Tout part en cacahouète et plus on en apprend pire c’est. Chaque révélation donne un coup de massue. Et le tout sur des musiques mélancoliques qui amplifient encore plus l’état émotionnel.
L’univers des jeux NieR est un peu compliqué. En gros, il y a eu une version s’appelant NieR Gestalt (NieR uniquement chez nous) et une version sous le nom de NieR Replicant sorti au Japon. Les deux jeux suivent la même histoire: sauver Yonah. La différence réside dans le fait qu’une fois on joue le père de Yonah (dans Gestalt) et son frère dans Replicant. Pour le reste, c’est très similaire. Seul le lien émotionnel et l’alchimie entre les personnages peut être perçu d’une manière différente.
NieR Replicant se passe donc avant NieR Automata et après les aventures de Drakengard III (jeu de Yoko Taro ayant un lien avec NieR). Dans les grandes lignes, et en espérant pas trop spoiler, un virus a décimé l’humanité via une pandémie mondiale. Afin de sauver l’humanité, les survivant créent les Gestalts et les Replicants. On suit NieR et sa sœur Yonah dans un Tokyo dévasté et envahie par d’étranges ombres. Yonah est malade et NieR essaye tant bien que mal de la protéger. L’épuisement et la faim les rendent vulnérable et on les sent à bout de force. Mais l’amour que ce frère et cette sœur ont l’un pour l’autre reste plus fort et ils feront tout pour rester ensemble quoi qu’il advienne. On se retrouve ensuite 1400 ans plus tard. Tout est en ruine. Les rares gens qui vivent encore ont perdu tout l’avancement technologique et vivent à nouveau à la médiéval dans une précarité sévère. On sent qu’il y a eu comme un reboot. Le monde est toujours envahi par de mystérieuses ombres aux allures démoniaques. Et on retrouve NieR, notre héros, et sa sœur toujours malade. Il devra affronter les ombres pour sauver Yonah d’une maladie étrange nommée nécrose runique. NieR va devoir sortir de son village et partir à la recherche de vers scellés et de fragments. Sur son chemin il fera la connaissance de Weiss, Kainé et Emile qui l’aideront dans sa quête.
NieR fait partie de ses jeux qu’il faut faire plusieurs fois pour avoir l’histoire complète et comprendre, où, au moins, essayer de comprendre. Le premier run propose une lecture plutôt classique dans laquelle NieR se bat contre les ombres et les machines pour sauver sa sœur Yonah, ainsi que l’humanité, des griffes du shadow lord. Durant le jeu beaucoup d’interrogations d’incompréhension se posent comme pourquoi les ombres saignent quand on les tape, d’où viennent-elles, les réactions et les agissements étranges et aberrants de certains personnages. Qui sont Weiss, Kainé et Emile. Quelles sont leurs histoires et leurs motivations. Ce n’est que vers la fin du jeu que l’on comprend enfin ce qu’il se trame. Les révélations sont incroyables. Mais il reste beaucoup d’inconnues. Il faudra refaire le jeu pour comprendre. Durant les runs suivants, on redécouvre le jeu, l’univers et les enjeux sous un nouvel angle. Le contraste de perception est surprenant et émouvant. Avec de nouveaux passages, de nouvelles explications ainsi que des dialogues enfin audibles et compréhensibles, dont plusieurs inédits à cette version, c’est juste terrible. C’est une claque qui prend aux tripes. Si on s’attarde un peu sur le sens des histoires, principales et secondaires, ainsi que nos actions et celles de nos compères et ennemis, on comprend mieux ce que l’on est en train de faire, ce qu’ils traversent réellement cette fois-ci et c’est juste ultra puissant. On découvre toute la détresse et la tragédie de ce monde non-manichéen qui se meurt et qui n’arrive pas à se relever. Niveau émotionnel, c’est très, très fort.
Si le scénario est hyper bien pensé et surkiffant, il faut être assez attentif aux détails et relier les points. Il y a pleins de bribes du lore qui expliquent la situation, mais il est très facile de passer à côté pour plusieurs raisons. Souvent les histoires secondaires paraissent un peu anecdotiques et sans grand intérêt. Alors que non. Elles sont riches en indices et informations sur ce qu’il s’est passé. Souvent bouleversantes, tragiques et d’une tristesse infinie, il faut prendre le temps de lire et ne pas se dire que ce n’est pas important. Dans les combats scénarisés, aussi, les dialogues fusent. Les personnages se livrent à d’ultimes confessions. Et comme les voix sont soit en anglais, en japonais ou dans des langages inconnus, il faut lire les sous-titres. En jouant en même temps ce n’est pas toujours facile. Il faut essayer de faire les deux. Tout n’est pas toujours expliqué explicitement. Il faut parfois lire entre les lignes. C’est par son scénario hyper noir que NieR Replicant brille de mille feux. Ne pas y prêter garde serait une grande erreur et passer à côté du message de l’auteur.
La bande-originale signée Keiichi Okabe est peut-être ce qu’il y a de mieux dans le jeu. Elle prend littéralement à la gorge. Les vocales de chœurs sont d’une puissance extraordinaire et amplifient tout le côté émotionnel du jeu tellement puissant. Le tout couplé à des accords incroyables d’instruments comme de guitare, d’orgue ou de piano. C’est une tuerie. Réorchestrée pour l’occasion, la B-O monte encore d’une octave pour plus d’impact encore. Comme une madeleine de Proust, les musiques de NieR Replicant restent gravées à jamais et nous replongent dans son univers en quelques notes. Grandiose.
C’est un remastered qui se veut plutôt être une nouvelle mise à jour plus complète du jeu originale. D’où le numéro de version à coucher dehors. On peut aussi le voir comme la version finale de l’œuvre de Yoko Taro, comme il aurait voulu le faire à l’époque. On est toujours sur un jeu qui provient de la PS3 (en mieux quand même) avec de grandes étendue plutôt jolies et harmonieuses, mais assez vide. Bien sûr le jeu propose un rendu graphique beaucoup plus chatoyant et propre sur PS4 ou Xbox One et PC. Mais on ne fait pas de miracle non plus. La fluidité est aussi enfin irréprochable et cela sublime le gameplay des combats plus dynamiques. Cette version 1.224744 offre aussi quelques segments inédits, retouches et compléments qui n’avaient pas pu être inclus à l’époque pour causes de temps, de moyens ou du manque de puissance. Le doublage est maintenant intégral et réengistré avec de nouveaux acteurs. Malheureusement pas de VF. C’est VA (version anglaise) ou VJ (Version japonaise). Le tout mis ensemble donne une meilleure cohérence au récit de Yoko Taro avec beaucoup plus d’explications et de réponses. L’aventure est enfin complète.
Cette version PS4 a permis de mettre à jour un peu certaines les textures, la résolution, la gestion de la lumière et des effets pour avoir globalement un meilleur ressenti graphique. Ce n’est pas fou fou non plus. Les personnages sont beaucoup plus détaillés et plus propre. C’est plutôt joli en général tout en restant simple. Ça a son style. Pour un jeu qui a plus de 10 ans et qui n’était pas incroyable graphiquement déjà à l’époque, c’est déjà pas mal. Après, ça reste assez vide et à l’ancienne. Les effets sont aussi plutôt sommaires pour les standards d’aujourd’hui. Pareil pour les animations. Heureusement, le jeu est d’une fluidité exemplaire qui améliore grandement le confort de gameplay. Mais c’est l’aura, l’ambiance et l’atmosphère qui font le vrai charme de l’univers de NieR, pas la technique, heureusement.
Le gameplay de ce NieR Replicant a aussi été revisité et mise à jour pour une expérience plus proche et dynamique de NieR Automata. Les animations et possibilités d’attaques ont été revues à la hausse. Les combats mêlent habillement les attaques au corps-à-corps ainsi que les attaques à distances avec la magie provenant d’un livre mystérieux. Action RPG oblige, il faudra prendre de l’exp et gagner des niveaux, de l’argent des armes et des objets de toute sorte pour progresser. C’est somme-toute assez linéaire et classique, mais ça fonctionne plutôt bien. La structure est assez à l’ancienne. C’était déjà un peu le cas en 2010, alors en 2021 imaginez. Il y a la quête principale, mais bien évidemment, des quêtes secondaires en parlant aux différents PNJ. Et malheureusement, il y a pas mal de quêtes FEDEX vraiment pas intéressantes et chronophages. Après ce n’est pas obligatoire de les faire, mais si vous voulez avoir toutes les fins possibles du jeu et de l’équipement, il faudra se les coltiner. Il est important de savoir qu’il faut aussi collecter toutes les armes pour débloquer certaines fins. L’une des forces de NieR est le fait de jouer avec la caméra en proposant différent points de vue et différentes phases de gameplay. Yoko Taro aime varier le gameplay et surprendre avec des phases shoot’em up ou hack n slash à la Diablo. Il aime aussi varier la mise en scène et le style de narration avec des changements de caméra et des filtres graphiques. On passe de la 3D en 2.5D ou en vue top-down. Toujours dans l’idée de surprendre et magnifier l’action. C’était plutôt rare et originale en 2010, ça fait toujours son petit effet aujourd’hui.
Vous l’aurez compris, NieR Replicant s’est avant tout une histoire qui est contée et peut-être pas celle qu’on pense. C’est un jeu un peu spécial qui demande de l’investissement personnel. Le gameplay est bon, plutôt classique et nerveux un peu comme NieR Automata. L’aventure est longue, car il faut refaire le jeu plusieurs fois pour en comprendre toute l’essence. Bien que lors des nouveaux runs certains passages soient inédits, on en refait beaucoup d’autres, à double, à triple et plus encore. Ce sont des jeux comme ça, et pour voir les cinq fins différentes et complémentaires il faut s’y plier. Mais ça vaut la peine, car le scénario est dingue et tragique à la fois. Chaque nouveau volet de l’histoire et backgrounds de personnages sont remplis d’émotions tellement fort qu’il est difficile de ne pas être touché. L’ascenseur émotionnel fonctionne à fond dans ce jeu. Et le tout orchestré par une main de maître pour la bande son qui est juste magistrale. Si le gameplay des combats est très plaisant, mais sans être incroyable et assez répétitif, que l’exploration et la structures sont un peu vieillottes avec beaucoup d’allers-retours et les quêtes FEDEX s’enchaînent un peu trop, tout est pratiquement oublié et pardonné par l’histoire et la musique qui nous portent et nous envoutent.
Les plus:
- Un scénario de folie
- Les musiques envoutantes et puissantes
- L’ascenseur émotionnel fonctionne à fond
- Des nouveautés et compléments bienvenues (un nouveau boss!!)
- Les upgrades de gameplay plus dynamiques et actuels
- La direction artistique très japonaise des personnages
- Une final cut qui plaira aux connaisseurs ainsi qu’aux néophytes
Les moins:
- Un remaster faiblard techniquement
- Beaucoup de passages longs, lents et inintéressants (quêtes FEDEX)
- Pas toujours facile de suivre l’histoire durant l’action
- Refaire plusieurs fois le jeu pour tout comprendre
- Une structure de jeu à l’ancienne un peu spartiate
Editeur : Square Enix
Développeur : Toylogic
Plateformes : PS4, Xbox One & PC
Date de sortie : 23.04.2021
Genre : Action-RPG
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