Pour cette vingtième édition de la Fête à Voltaire, menée de main de maître par la Marie de Ferney, nous voici littéralement propulsés dans un Autre Monde. Assurément, après son seul en scène qui ranime les plus grands personnages de Shakespeare dans Songe d’une femme de ménage donné à la Comédie de Ferney il n’y a pas si longtemps, revoici Aurélie Imbert au plus fort de son imagination et de son jeu de comédienne hors norme. Que dis-je imagination, il s’agit plutôt d’une déferlante qui coule de source sans la moindre entrave.

Entraves ? Quels drôles de maux… Et pourquoi faire d’abord ? Pour jouer avec une corde pardi ! Diantre et qu’est-ce que cela peut bien donner ?Un péplum ? Une satire contemporaine ? Une comédie baroque ? Oui, ce spectacle est tout ça à la fois et, comme son auteure, ne supporterait pas les étiquettes.

On y trouve un brin de folie, une brassée de poésie offert par la présence de Juliette Xicluna, beaucoup de rêve et surtout la possibilité d’une évasion, l’envie de tout bousculer pour faire place nette. Voilà une pièce où les mots sont une danse, où les jeux de mots n’ont pas froid aux yeux et où le »je »des comédiens se démultiplie au rythme des rires et des mimiques.

Comme dit Noir Désir dont le refrain d’une de leur chanson est repris a capella par les comédiennes: « soyons désinvoltes, n’ayons l’air de rien. » Aurélie semble avoir fait sienne cette devise car effectivement, mine de rien, elle nous embarque dans son monde à elle.

Un monde à l’envers, un monde qui marche sur la tête ou qui dort les quatre fers en l’air où l’histoire est à réécrire.

Sur le ton de la prophétie, trois sorcières déjantées annoncent une mission à accomplir à un homme endormi, incarné avec brio par Thomas Freitag : sauver l’humanité. Autant dire que la route est semée d’épines ce qui n’est pas pour déplaire à la vieille sorcière, interprétée avec ce qu’il faut d’aplomb par Chloé Thébault .

S’en suit alors une quête effrénée vers l’autre monde qui se heurte immanquablement aux absurdités actuelles dont Tony Nicol est le digne représentant avec son rôle survolté de gardien du « désordre » pour mieux perturber le public.

Pour nous autres comédiens, grand a été le plaisir d’interpréter des personnages aussi cocasses qu’azimutés et de s’offrir le saut de l’ange dans ce bouillonnement, truffé de références théâtrales, bibliques, de sauter dans ce chaudron où foisonnent si bien les mots. Un moment de théâtre très particulier qui s’inscrit hors champ dans une nuit d’été sans orage.


Texte : Aurélie Imbert
Mise en scène : Aurélie Imbert et Thomas Freitag
Jeu : Thomas Freitag, Aurélie Imbert, Tony Nicol , Sabrina Richard, Chloé Thébault et Juliette Xicluna

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publié.