La couverture est signée Olivier Fontvieille et je suppose que ce n’est pas le dessin seul qui est revendiqué. On me permettra donc de m’étonner de la manière dont le titre s’inscrit dans cette couverture. Pourquoi les mots mis en valeur par une taille de caractères plus importante sont-ils « le jour » alors que l’idée intéressante – pour ne pas dire plus – est que « la guerre s’arrêta » ?
Depuis la lecture de Spirou et le Dictateur (Franquin éditions Dupuis) – où le comte de Champignac invente le Métomol qui ramolli le métal – et la vision du film « Le garçon aux cheveux verts » (de Joseph Losey) j’ai un faible pour ce genre d’histoires où le héros tente de convaincre les hommes de cesser de faire la guerre. Je me suis donc précipité sur le roman de Pierre Bordage.
Il met en évidence les limites du genre et livre une œuvre pleine de bonne volonté, de bons sentiments – expression à prendre ici dans le bon sens – et qui devrait émouvoir les lecteurs. Mais pour ma part je reste sur ma faim et je vais vous expliquer pourquoi. Le héros de cette histoire est un enfant qui se réveille en hiver en France dans un tunnel du métro. Il a perdu la mémoire et ne sait ni qui il est ni d’où il vient. En revanche il peut lire « l’âme » des gens et y trouver ce qui ne va pas et surtout il peut dialoguer avec la matière et lui demander des choses. Un personnage un peu omnipotent à défaut d’être vraiment omniscient. Je veux bien que sa connaissance du monde soit limitée par la mémoire et l’âme de ceux qu’il rencontre : un clochard et son chien, deux policiers, un journaliste, un docteur, un curé, un zélateur d’Allah, une prostituée, un psy, des ambassadeurs, des agents du FBI et de la CIA et de nouveau le journaliste… Mais chaque fois il demande le sens de certains mots alors que lui-même – qui raconte l’histoire – en utilise de plus complexes… Et surtout il ne raisonne pas son obstination à vouloir rencontrer les chefs d’États inquiets de l’arrêt des conflits organisé par l’enfant par le biais d’un accord avec la matière.
Il y a bien un passage sur l’argent mais je n’ai pas su lire de condamnation du profit, de l’argent comme nerf de la guerre…
Il s’agit d’un conte moral et l’on peut le lire comme tel mais dans le genre je recommanderais plutôt « Les fables de l’Humpur » (même auteur, même éditeur).
Bonnes lectures.
Le jour où la guerre s’arrêta
Auteur : Pierre Bordage
Editeur : Au diable vauvert
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