Sorti en 2006 en exclusivité sur PS3, le troisième jeu de Quantic Dream avait fait couler beaucoup d’encre à l’époque.  Avec une démo technique irréprochable présentée à L’E3, le jeu s’annonçait déjà comme un blockbuster.Suivant la lignée de ses prédécesseurs, The Nomad Soul et Farenheit, sortis respectivement en 1999 et 2005, Heavy Rain s’inscrit comme un cross média entre le cinéma et les jeux vidéo. Appuyant la volonté de Quantic Dream de mettre le joueur face à ses actions, nous nous retrouvons littéralement projetés dans un film dont nous sommes le héros. Disposant d’un gameplay minimaliste laissant la part belle au scénario, le style ne séduira pas forcément. Il faudra prendre la peine et le temps de s’impliquer émotionnellement avec les personnages pour pouvoir profiter pleinement  de cette expérience vidéo-ludique qui sortait déjà des sentiers battus il y a 10 ans.


Le jeu ne datant pas de la dernière pluie, il est possible qu’origamis et orchidées n’aient plus de secrets pour vous. Si vous souhaitez connaître les nouveautés amenées par cette version PS4, rendez-vous en bas de la page.

Pour les autres qui voudraient découvrir cet OVNI, voyons de quoi il retourne….

La démo technique présentée à l’E3. En 2006, vous auriez trouvé ça époustouflant.

I’m singing in the rain

Notre histoire commence dans une ville de la côte Est des États-Unis. Ethan Mars, architecte de son état,  coule des jours heureux avec sa femme et ses deux enfants, Shaun et Jason. Lorsque ce dernier est tué dans un tragique accident alors qu’il était sous la surveillance de son père.Leur vie de la famille s’en voie bouleversée.

C’est trois ans plus tard que nous retrouvons Ethan et son cadet, Shaun, dans une ville pluvieuse aux prises avec un assassin : le tueur aux Origamis. Celui-ci noie des enfants dans une cuve remplie d’eau de pluie et a déjà fait sept victimes. Nous apprenons qu’Ethan vit maintenant seul et se débat pour tenter de donner une éducation à son fils. Suite au choc de la mort de Jason et rongé par la culpabilité, il a développé une agoraphobie provoquant des crises de panique suivies de longues absences. Touché par une crise lors d’une sortie au parc, Shaun sera enlevé par le Tueur aux origamis. Commence alors la quête désespérée d’un père pour retrouver son fils…

HEAVY RAIN HD™ : Ethan ne chantera pas tant que ça finalement…

Qui est le tueur aux Origami ? Pourquoi fait-il cela ? Pourquoi Ethan ? Comment retrouver Shaun ? A vous de résoudre le mystère…

Après quelques scènes de vie commune entre Ethan et Shaun, servant de didacticiel et introduisant les mécaniques du jeu, nous découvrons les autres protagonistes qui nous aideront à comprendre les tenants et aboutissants de l’affaire :

Tout droit issu des films noirs des années 1950, le détective privé Scott Shelby a été engagé par les familles des victimes pour retrouver le tueur. Animé par un caractère bien trempé qui le fait préférer la manière forte, il est de ces personnages à plusieurs facettes. Aussi attachant que mystérieux, il développera une relation de confiance avec Lauren, la mère d’une des victimes.

Norman Jayden est un agent du FBI envoyé en renfort pour aider la police sur l’enquête. Équipé de lunettes A.R.I qui lui permettent d’analyser le terrain ainsi que les preuves à l’aide de nouvelles technologies, il s’appuiera sur son intellect pour créer des liens entre les preuves récoltées lors des différentes phases d’exploration. Marié au travail et sous tension permanente, l’agent Jayden nous fera découvrir l’envers d’un FBI prêt à tout pour arriver à ses fins.

Le quatrième personnage nous plongera dans la peau de Madison Paige, journaliste de terrain, qui se retrouve malgré elle au centre de l’affaire du tueur aux Origamis. Proche d’Ethan, elle se révélera d’une aide précieuse pour tenter de retrouver son fils.

Tout au long de leurs pérégrinations, nos héros croiseront nombre de personnages plus ou moins intéressants, avec qui il sera nécessaire d’interagir afin de faire évoluer l’intrigue. Les choix effectués s’avéreront décisifs, l’histoire et les rencontres pouvant changer le cap du récit à chaque instant.

HEAVY RAIN HD™ : Il y en a pour tous les goûts !

Un gameplay minimaliste mais étonnamment efficace

Oscillant entre phases de QTE et d’exploration/enquête, le gameplay de Heavy Rain ne séduira pas tout le monde.Limité dans ses mécaniques, la redondance de certains éléments pourra en rebuter plus d’un. Pourtant dans un monde fermé où le scénario a la part belle, le système de QTE n’est pas une si mauvaise idée.

La continuité des gestes des personnages, la concentration permanente, la surprise omniprésente, créeront une tension palpable dès la phase d’introduction passée. Là où la majorité des jeux se contentent d’offrir un système de Die and Retry, ici chaque action sera définitive et imposera de recommencer bon nombre de chapitre pour changer de voie. De plus, les changements de rythme effrénés et parfois déséquilibrés entre les scènes mettront vos nerfs à rudes épreuves. Dans Heavy Rain, poser la manette pour boire un coup c’est risquer la mort à chaque fois.

Cette immersion et ce rythme sont justement permis par les QTE qui forcent l’immersion du joueur et lui imposent une certaine cadence, sans pour autant le forcer dans ses choix. A noter que le style des QTE est relativement varié et permettent de dynamiser ce concept parfois mal maîtrisé dans certaines productions.

On retrouvera donc les classiques QTE réflexe, mais aussi d’autre élément de Gameplay tel que le twister QTE ou le Stick Roll proche de ceux du jeu Skate de EA Sport.  Ajoutez à cela des degrés d’utilité tout relatif (il ne sera pas rare de rater une séquence alors que l’on ne manque qu’un seul QTE, ou d’en réussir alors que tout ne fut que catastrophe) et une bande son aussi excellente qu’oppressante, et vous vous retrouvez avec une alchimie entre stress, gameplay et envie de progresser et  faire survivre  son personnage.

Un bémol tout de même, des déplacements pas toujours très précis et nécessitants la pression continue de la touche R2. Il ne sera pas rare de tourner autour d’un élément plusieurs fois avant de pouvoir interagir avec.

HEAVY RAIN HD™ :  Des QTE qui rythment parfaitement l’action !

Aux phases d’action en QTE s’opposent des parties d’exploration et d’enquête où il faudra rassembler plusieurs éléments afin de nous mener sur les traces du tueur et créer des liens entres les personnages.  Pour cela nous disposons de deux outils plutôt bien pensés.

Tout d’abord nous avons à tout moment accès au système cognitif du personnage que nous interprétons. Cela se traduit par une pression sur la touche L1 permettant de voir s’afficher les pensées et interrogations du personnage. Libre à vous de les écouter mais elles permettront souvent de s’orienter parmi les dédalles d’indices et de chemin possible et indiquerons parfois une solution probable ou une voie d’issue.  Très utile et instructif pour un peu que l’on s’y attarde.

HEAVY RAIN HD™ : Penser est toujours utile…

L’autre outil et le système A.R.I utilisé par l’agent Jayden. Véritable bijoux technologique, ce dernier permet de mettre en relief des éléments non-naturels du décor, donc des indices ou preuves potentielles. Il permettra d’analyser traces de pneus et douilles de pistolet de la même manière que le ferait un expert scientifique. L’aspect immersion du joueur est ici renforcé par la réalité virtuelle de A.R.I. Ce dernier pouvant littéralement créer des mondes de synthèse et y plonger son utilisateur.

Cependant, il ne sera pas suffisant de récolter des indices, encore faudra-t-il le lier entre eux de manière logique et faire les rapprochements entre les différentes situations et personnages. On peut facilement passer à côté d’un élément clef par manque de rigueur ou par simple flemme, ce qui pourra tout simplement rendre la résolution de l’énigme impossible. Car oui, dans Heavy Rain, on ne gagne pas à tous les coups…On gagne même assez rarement. Selon la manière de fonctionner et de faire des choix, il pourra en ressortir une certaine frustration. En effet, il est très facile de se retrouver perdu dans un scénario décousu ou les chances de résolution sont minces…Se pose alors l’inévitable question : Et si ?

HEAVY RAIN HD™ :  A.R.I, un ami qui vous veut du bien…

Ferme les yeux imagine toi…Des graphismes en 2006

Nous sommes en 2006, Rainbow Six : Vegas commence à chauffer et vous rêvez de nouveauté. Soudain, là sur la page d’accueil austère, vous percevez un visage, un screenshot d’une démo technique présentée à l’E3. Heavy Rain…Votre cerveau convulse et vous lancez la dite conférence. Quelque mois plus tard, vous achetez le jeu. Vous avez entre 15 et 20 ans, mais il y a une chose dont vous êtes certains ; vous n’avez jamais vu un tel niveau de détails sur console.Pas facile de juger des graphismes et un moteur vieux de 10 ans. Mais une chose est sûre, au moment de la sortie, Heavy Rain se posait en tête des performances liées à la PS3.  Pour le reste, rendez-vous pour le test du remastered.

An Hollywood piece of paper

Comme expliqué plus haut, Heavy Rain se veut tourner vers le scénario. C’est au travers de ce dernier que l’expérience deviendra unique. Véritable cross-média, on y découvre moult références au monde du cinéma, tel que Seven ou Saw, dont les influences semblent évidentes, mais aussi des références à la science-fiction des années 2000 (Minority Report et A.R.I) ainsi qu’une imagerie sombre tirée des polars noirs des années 70. Au-delà du cross média, c’est aussi un mélange de genre très intéressant.

Sans trop en dévoiler, l’histoire suivra la trame narrative imposée mais sera directement soumise au choix du joueur. Ainsi, une mort prématurée sera synonyme de futures scènes ratées et de pièces manquantes pour assembler le puzzle. Bien que certaines décisions soient assez téléphonées et laisse peu de doutes quant aux issues possibles, les PNJ, très charismatiques et travaillés, seront capables de créer une véritable atmosphère et de surprendre, non pas dans leur action, mais plutôt dans leur nature, à tel point qu’on souhaitera souvent en savoir plus…

Avec ses 21 variances de fin, je vous laisse imaginer tous les cheminements, voies et morts possibles. La rejouabilité devient donc un élément clef si l’on souhaite comprendre tous les rouages de l’histoire. Une mauvaise partie pouvant se terminer en 5 heures alors que la partie parfaite durera, elle, plus de 15 heures.

Ses scènes sont en permanences rythmées par une bande-son aux petits oignons écrite et menée par Normand Corbeil, compositeur pour le cinéma (encore) qui nous avait notamment gratifié de la bande son D’Hitler : la Naissance du mal et qui travaillera aussi sur le petit frère de Heavy Rain ; Beyond two souls.

HEAVY RAIN HD™ : On me dit souvent que je vois que ce que je souhaite… Minority Report et Seven.

Et mon tout est un jeu vidéo…

Si Heavy Rain faisait et fait toujours office d’OVNI dans un paysage vidéo ludique de plus en plus aseptisé, il reste une grande réussite de cross-média et de narration s’inscrivant directement dans la lignée de Quantic Dream et plus récemment de Square Enix et leurs très bon Life is Strange.

 Avec des actions à impact direct et une jouabilité qui influence directement les tenants et aboutissants, Heavy Rain est définitivement un jeu vidéo dont vous êtes le héros et se voie donc refuser son titre, trop souvent péjoratif, de film interactif. Une expérience à renouveler pour les anciens, un chapitre du jeu vidéo à faire absolument pour les plus jeunes ou ceux ayant tout simplement dormis depuis 2006.

Pour rappel vous trouverez le test du remake HD juste après cet article.

Les plus:

  • Un scénario prenant et travaillé.
  • Un moteur graphique qui roxxait du poney en 2006.
  • Une réussite de Cross-média.
  • Rejouabilité très large.
  • Bande son
  • Une VF réussie

Les moins:

  • Déplacements approximatifs.
  • Manque de développement de certains personnages.
  • Un Gameplay minimaliste qui peut rebuter.
  • Parfois un peu frustrant.

Note de la rédac : 4/5

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Version PS4

Test du  remastered, du HD et des oublis….

Dix ans plus tard, la pluie tombe toujours mais cette fois en Haute Définition. Quantic Dream nous propose donc de vivre ou revivre les aventures d’Ethan de Shaun et de leurs comparses dans une version estampillée Remastered vendue seule ou en bundle avec l’autre grosse production du studio, Beyond Two Soul.Alors face au torrent de remake qui nous assaille, sommes-nous face à un renouveau de Heavy Rain ?

Ce que l’on attend quand on lit la mention remasterisé est assez simple : des graphismes revus à la hausse, des corrections de bugs, du contenu additionnel ou du moins quelques nouveautés le tout si possible auréolé par une amélioration de l’interface et/ou de la maniabilité. Voyons donc….

Quand le remake est un portage…

La première chose qui saute aux yeux, c’est que le portage vers le 1080P est réussi. Franchement bien réussis même. Si certaines textures restent mal adaptées ou peu retravaillées, l’ensemble ressort très bien. Les jeux de lumière et de clair-obscur rendent les décors parfaitement propres et épurés. On regrettera une certaine paresse dans certains lissages au niveau des textures, surtout à l’extérieur, mais on passera facilement outre tant le portage graphique est réussi. A ce niveau-là Heavy Rain n’a rien à envier à certaines productions beaucoup plus récentes.

HEAVY RAIN HD™ : Parfois…C’est juste moche…

Là où il sera plus difficile de passer l’éponge, c’est plutôt sur certains bugs grossiers qui l’étaient déjà en 2006.Il n’est pas rare d’éprouver des collisions plus qu’aléatoire ou de voir au travers d’un pan du décor. La faute à une caméra parfois approximative, qui bien que jouable, aurait mérité d’être retravaillée. A cela s’ajoute une lisibilité des actions parfois amoindrie, toujours à cause de cette caméra, qui poussera parfois le joueur à choisir parmi ce qu’il arrive à lire plutôt que ce qu’il souhaitera réellement. Même problème avec les QTE qui s’affichent dans un coin sombre du bas de l’écran, risquant à tout moment de condamner votre partie.

HEAVY RAIN HD™ : M’dam ! Z’ avez quelque chose sur le visage !

La bande son, toujours sublime mais toujours mal dosée, nécessitera un indispensable passage par le menu des options pour pouvoir entendre correctement les dialogues ; la pluie couvrant systématiquement les paroles si les options restent par défaut.

On regrettera aussi l’absence de la seule extension à avoir vu le jour sur les trois prévues initialement ; Le Taxidermiste, qui met l’accent sur le passé de Madison. Disponible uniquement sur le PSN (PS3)  pour la modique somme de 4.90Chf.

En conclusion, nous sommes face à un portage HD réussis mais un remastered raté. Les défauts inhérents à la version de 2006, excusables pour l’époque, auraient mérité qu’on s’y penche un peu plus afin de vraiment finaliser le coup de jeune souhaité pour le soft.

Pour ceux qui n’aurait pas eu l’occasion de faire Heavy Rain sur PS3, l’achat du bundle Heavy Rain et Beyond Two Souls pour 39.90Chf reste une acquisition intéressante. Pour les joueurs connaissant déjà bien les ficelles du jeu ou qui ne sont pas intéressé par Beyond Two Souls, cette version n’apportera rien de particulier, et à 29.90CHf le stand alone, je vous conseille de passer votre chemin.

Personnellement, je perçois cette version de Heavy Rain comme une plus-value au bundle, la version remastered de Beyond Two Soul apportant, elle, quelques innovations intéressantes.

Les plus:

  • Une refonte graphique réussie
  • Le plaisir de faire ou refaire Heavy Rain

Les moins:

  • Un prix prohibitif pour le stand Alone
  • On en aurait voulu…plus

Conseil de la rédac et jeux similaires :

Life is Strange, Until Dawn

Heavy Rain remastered PS4: Un ciel plutôt maussade…
2.0Note Finale
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6 Réponses

  1. Eleha

    On est d’accord : « Une expérience à renouveler pour les anciens, un chapitre du jeu vidéo à faire absolument pour les plus jeunes ou ceux ayant tout simplement dormis depuis 2006. » !

    C’est toujours un grand plaisir de revivre l’aventure intense Heavy Rain. Mais il faut bien admettre que pour un remastered on aurait pu espérer quelques changements et/ou ajouts.

    Un article plaisant à lire, bien illustré et objectif. Avec cette touche d’humour qui ajoute du panache !

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