Vois comme ton ombre s'allonge - Extrait

Vois comme ton ombre s’allonge – Extrait

La première rencontre avec Gipi s’opéra il y a quelques années de cela, au détour d’une exposition au sein d’un festival. La claque graphique fût immédiate tant ses aquarelles étaient stupéfiantes, son incroyable façon de capter la lumière et les couleurs sur ces feuilles de papier étant époustouflante. Malgré l’impact non négligeable qu’a eu cette exposition, je n’ai pas franchi le cap de la découverte de ses œuvres dessinées, sans doute à cause d’une déception prévisible du passage de l’original à l’imprimé. Aujourd’hui encore, il n’étais pas prévu que je fasse cette chronique et, à nouveau, la vie et le hasard de ses circonvolutions ont voulu que je (re)découvre Gipi, cette fois dans un album. Et blam, ce qui devait arriver arriva, à croire que je le savais et que j’ai tout fais pour éviter ce choc. Car j’ai l’impression d’avoir pris une porte dans la tronche.

Je ne passe pas sur la splendeur de ses planches, que j’ai déjà essayé de vous faire partager en quelques mots dans mon introduction. Et bien nulle déception, même imprimées ses aquarelles gardent toutes leurs forces, leurs couleurs, leurs ambiances, leurs atmosphères. Impressionnant à quel point Gipi arrive à transmettre des émotions au travers de ses aquarelles mélancoliques, quasi hypnotiques. Rarement je me suis aussi souvent trouvé bouche-bée devant autant de cases que dans cet album à l’impact explosif. Gipi signe une histoire humaine et poignante passant de la destinée d’un aïeul pendant la Grande Guerre et de sa rage de survie, au désespoir de son descendant, écrivain dépressif, dessinant à répétition une étrange station service.

 »Vois comme ton ombre s’allonge » parle du temps qui passe, de la vie qui s’écoule au fil de nos existences, rythmé par les soubresauts pas toujours prévisibles mais souvent inévitables du quotidien qui nous érodent, telles les vagues sculptent les falaises. Le récit est acéré et authentique, marquant tel cet écrivain torturé, poignant et touchant par ce qu’il traverse, tranchant et percutant par ce que cet aïeul a traversé avant lui. Tout un chacun pourra y ressentir ce qu’il aurait pu vivre ou ce que l’un des membres de sa famille aurait pu subir pendant le siècle dernier. J’ai  »évité » Gipi autant que je l’ai pu, mais je ne pense dorénavant qu’à m’en enivrer rapidement, malgré les bosses et les coups que j’y prendrais.

Vois comme ton ombre s’allonge
One-shot
Dessinateur et scénariste : Gipi
Éditeur : Futuropolis

 

http://www.futuropolis.fr/fiche_titre.php?id_article=790357

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