Une heure avec Proust

Une heure avec Proust

L’idée est audacieuse. Réduire un auteur à une heure de lecture est délicat. Mais si c’est réussi comme ici, c’est un joli petit livre intelligent que vous avez entre les mains. Comme d’habitude je vous conseillerais de commencer par la lecture de la chronologie concernant Proust et de la bibliographie heureusement choisie et subtile avant de vous lancer dans l’analyse d’Éric Werner.

En général le critique s’empare de l’auteur et le restitue à travers lui-même en cherchant à se justifier par des citations plus ou moins appropriées. Là Éric Werner part de l’idée que La recherche du temps perdu est le roman de la désillusion, que son auteur et le narrateur ont perdu la foi qui enchantait le monde. Parce que, pour eux comme pour Nietzsche, Dieu est mort parce qu’on a cessé de croire en lui. Parce que le monde a changé, qu’il est dépourvu d’intérêt (envahi par les Verdurin de tous poils). Il faut donc se réfugier quelque part, dans quelque chose et Proust choisit le passé, l’amour et l’Art.

La démonstration d’Éric Werner est convaincante et agréable à suivre. On ne s’ennuie pas à le lire et cette présentation devrait réconcilier le lecteur moyen avec le Proust que des lecteurs de mauvaise foi prétendent lassant et illisible. Proust est un auteur dans lequel il faut se perdre, se noyer… quand on le referme il reste toujours quelque chose en tête. Lire Proust c’est lire un monde de sensations, de perceptions différentes des nôtres, il faut donc prendre un peu de temps pour les apprivoiser. Ce petit livre d’une heure illustré avec finesse devrait vous permettre d’entrer dans un monde riche avec un bagage outil parfaitement adapté. Mais ne vous attendez pas à trouver le genre de livre aseptisé qui s’empile sur les étalages. Proust « n’abandonne jamais non plus un point de discussion sans au préalable, en avoir exploré tous les aspects. D’où la longueur de certains développements. Proust a souvent comparé son propre livre à une cathédrale. Mais beaucoup de ses phrases, elles-mêmes, ressemblent à des cathédrales. Ce sont de grandes architectures en équilibre, avec leurs piliers, leurs ogives, leurs arcs-boutants etc. La Recherche requiert donc du lecteur une certaine capacité d’attention. » Ce n’est pas moi qui le dit mais Éric Werner.

Bonne lecture.

 

Une heure avec Proust
Auteur : Éric Werner
Éditeur : Xenia

 

www.editions-xenia.com

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publié.