Un point d’exclamation et Phèdre s’en trouve métamorphosée. Déjà, cela raconte autre chose, on le pressent. D’entrée de jeu, les sourcils se lèvent, la curiosité est à son zénith. D’un pas souple et sautillant, un homme gravit les marches menant au plateau, toute lumière allumée et alors même que le bruissement des spectateurs n’est pas tout à fait éteint ; si bien qu’on pourrait croire à l’annonce traditionnelle de bienvenue. Mais, on comprend qu’il n’en est rien. Ainsi, Romain Daroles se présente avant de nous conter et d’interpréter Phèdre de Jean Racine. Puis, le fameux point d’exclamation apparait.

Calembours, anecdotes insolites et jeux de mots subtilement dosés parsèment cette entrée en matière. On renoue avec nos années collège : la structure d’un alexandrin, la langue de Racine, l’origine des personnages mais exit la prof de français sous prozac ou le vieux prof pédant.
Ici, on rit, on réapprend, on se souvient et on découvre à coups sûrs.

Le ton est donné avec l’accent du Sud-Ouest s’il vous plait qui réhausse d’une jolie touche solaire l’ensemble. Sans tarder, nous voici donc embarqués pour Trézène en Grèce où Phèdre trouve ses racines. Le décor est planté, concret et sonore, allant du cri des mouettes, jusqu’à la teinte du ciel hellénique et de la Mer Egée. Romain Daroles nous fait entrer avec lui.

On prend place entre Hyppolite et Théramène puis on finit par s’installer, plus question même de fausser compagnie. Et pour cause, le comédien ne manque pas d’énergie, de justesse et de précision dans ses gestes. Son talent éclate et s’affine au gré des personnages incarnés qui prennent vie d’une manière saisissante, désopilante et inusitée. On n’imaginait pas la fidèle Oenone avec l’accent marseillais ni Thésée dans la peau d’un baroudeur américain. Le comédien tient le spectacle d’un bout à l’autre par sa passion et son enthousiasme aussi contagieux qu’un rire communicatif.

Entre apartés, bons mots, réflexions personnelles, la pièce s’enchaîne, vive, cocasse sans temps mort avec des personnages colorés, façonnés toute en dérision. Car c’est bien d’une comédie dont il s’agit et c’est là tout le sel de cette interprétation. Le bonus final qui séduit : nous repartons tous avec un exemplaire du texte. Un petit bijou à garder sur sa table de chevet pour faire et défaire Phèdre! à l’envi !

Mise en scène et texte: François Gremaud
Jeu: Romain Daroles

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