La montagne de la dernière chance

La montagne de la dernière chance

Je me permettrai de regretter vivement que l’illustration de couverture ne tire pas plus l’œil du lecteur potentiel et réserve le livre d’une certaine façon. Mais comme je suppose que l’auteur a eu son mot à dire dans le choix de cette illustration je me contenterai de vous recommander vivement la lecture de ce court « roman ».

Je vous ai déjà parlé d’André Bucher et sauf erreur j’en disais du bien. Ici encore il livre ce que depuis Baudelaire on appelle « Poème en prose ». Et en lisant simplement le premier chapitre intitulé « Le canyon » vous comprendrez ce que j’entends par poésie. Créer des images évidentes, incontestables mais que nos sens d’aujourd’hui peinent à déceler, exemple   « On entend, de la respiration décrochée des arbres, soupirer dans leur chute les gouttes d’eau. Elles viennent froisser, trembler la lumière d’une caresse furtive à la surface et étreindre les voix d’eau. » Après une description d’un paysage bucolique on entre en raison pour faire la connaissance  des personnages principaux. Un fils condamné pour escroquerie à l’assurance et dont les parents ont endossé la faute – la mère est frappée d’Alzheimer – et un fils abandonné à lui-même qui est devenu jeune délinquant. La ferme du père de l’escroc a été vendue à un entrepreneur qui va vouloir modifier le paysage. Vous avez compris, André Bucher oppose deux types d’individus, ceux qui vivent de et avec la nature et ceux qui pensent utilisation et rentabilité. Il nous laisse prendre position pour ou contre les uns et les autres. Mais comme chez Pierre Pelot, le vosgien, ou chez Jean Giono, le provençal, le lecteur attentif découvre vite que ces auteurs vont au-delà de la simple opposition nature/homme… Il me semble que tout repose sur la nature de l’homme, sur son éducation, sur ce qui donne naissance à ses envies. En gros quelque chose d’indicible… Et si André Bucher raconte poétiquement son histoire c’est sans doute pour en rendre la violence plus supportable.

Une citation pour la route ? :  » – En fin de compte, je me dis qu’il y a pire que d’être pauvre.
– Se retrouver ruiné ?
– Non, être avide. »

Bonne lecture d’un après-midi pluvieux.

La montagne de la dernière chance
Auteur : André Bucher
Editeur : Le mot et le reste

http://lemotetlereste.com/mr

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publié.