Je meurs de ce qui vous fait vivre

Je meurs de ce qui vous fait vivre

Avec une fort belle phrase – capable à elle seule de donner envie de lire le roman – du philosophe Sören Kierkegaard en exergue que je m’empresse de vous citer : « Les gens exigent la liberté d’expression pour compenser la liberté de pensée qu’ils préfèrent éviter. »

La jeune femme dont le portrait est tracé ici est présentée par l’auteur – à qui l’on doit, par ailleurs, une biographie de Séverine (Éditions du Rocher) – comme « la voix des petites gens » et qui est aussi sans doute une grande journaliste (après l’Affaire Dreyfus son dernier combat a été pour Sacco et Vanzetti, ceux chantés par Joan Baez, oui !). On appréciera l’ingéniosité de l’auteur qui fait commencer son roman lorsque son héroïne Caroline Rémy n’a pas encore 26 ans, le jour où elle se suicide et se rate… On appréciera encore que la phrase titre ne trouve ses derniers mots que dans le roman et comme note laissée par la suicidaire : « Je meurs de ce qui vous fait vivre : de révolte. » une phrase adressée à Jules Vallès, l’insurgé. L’écrivain a embauché Caroline comme secrétaire. Il la fait travailler, écrire et c’est avec elle qu’il va relancer – revenu d’exil – bien après la Commune « Le cri du peuple » dans lequel Caroline deviendra Séverine, la journaliste. A propos du premier « Cri du peuple » on pourra lire les romans de Jean Vautrin (en Pocket) ou leur adaptation en Bande Dessinée par Tardi et Vautrin (chez Casterman).

Ce roman se lit avec la plus grande des facilités et ce pour deux raisons… D’une part il est passionnant. Parce que ce qui nous est présenté de la vie de Séverine ressemble à la vie des héroïnes de romans feuilletons et que l’on y trouve les noms de certains des auteurs de ces mêmes feuilletons. D’autre part parce que l’auteur dose à merveille une écriture simple et banale et des trouvailles littéraires fort réussies. Un peu comme si après avoir tracé la silhouette et esquissé le portrait il affinait le tout. On pourrait imaginer qu’à partir de ce roman il soit confié à des apprentis journalistes le soin de présenter un dossier sérieux et réfléchi sur leur futur métier.

Bonne lecture.

Je meurs de ce qui vous fait vivre
Auteur : Paul Couturiau
Editeur : Presses de la cité
Collection : Terres de France

www.pressesdelacite.com

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