X-Men Schism

x-men schism – extrait

X-Men Schism raconte la scission des X-Men en deux factions, l’une menée par Wolverine et centrée à l’école Charles Xavier sur la côte est, et l’autre dirigée par Cyclope basée sur l’île d’Utopia, au large de San Francisco. Cet événement d’importance donne lieu à un nouveau statu quo tel qu’on avait déjà pu le voir dans le X-Men : No More Humans de Mike Carey. Mais qu’a-t-il dans le ventre, au-delà de son impact sur la continuité ?

X-Men : Schism est en fait divisé en trois parties. La première, Prelude to Schism, étalée sur quatre numéros, se concentre sur Cyclope, en proie aux doutes face à ses responsabilités de meneur et prenant conseil auprès des vieux de la vieille que sont Charles Xavier ou Magneto. Ces quatre numéros forment une introduction très statique, dénuée d’action et aérée par des flashbacks sur les débuts de Cyclope dans les X-Men ou sur la jeunesse de Magneto. En soi, une accalmie dans des comics trop souvent étouffés par les quotas d’action n’est pas une mauvaise idée, mais il est dans ce cas nécessaire que les dialogues se montrent d’une solidité à même de soutenir l’attention. Hélas, on retrouve à l’écriture le très inégal Paul Jenkins, qui avait laissé de mauvais souvenirs du côté de la concurrence avec le premier tome de Batman – Le Chevalier Noir ou Les Tourments de Double-Face. Le ton sombre affiche des ambitions « philosophiques » très visibles, qui ne frappent pas toujours juste comme dans le dialogue suivant :

« Et nous sommes là. »
« Par opposition à où ? »
« C’est un petit mantra que j’aime me répéter dans ce genre de situation. Il me rappelle que je dois gérer l’instant présent plutôt que de me préoccuper du présent ou du futur. »
« C’est très profond. Je ne me souviens pas que vous m’ayez jamais dit ça. »

Au risque de te décevoir Scott, non ça n’est pas très profond.

Néanmoins, comme à chaque fois, le petit aparté dans l’Allemagne nazie permis par la présence de Magneto, garde, malgré la surexploitation de cet aspect dans les comics X-Men, son efficacité. Le parallèle entre les persécutions sur les Juifs sous le règne d’Hitler et les persécutions à l’encontre des mutants fait toujours mouche, rappelant, si c’était encore nécessaire, que le concept des X-Men n’est qu’une métaphore d’une minorité rejetée à cause de sa différence comme en souffrent des minorités bien réelles dans notre monde actuel. Mais à cause du manque d’innovation dans l’exploration de ces concepts, du niveau moyen des dialogues et du piétinement de l’intrigue, cette première partie laisse une impression mollassonne, renforcée par une dizaine de répliques qui sont répétées de manière identique dans deux chapitres consécutifs où l’on passe du point de vue de Cyclope à celui de Wolverine. Effet raté ou paresse du scénariste, on laissera le lecteur juger.

Heureusement Jason Aaron embraie dès le début de l’événement en tant que tel, X-Men : Schism, qui constitue la deuxième partie. Plus rythmée, centrée autour des personnages charismatiques que sont Cyclope et Wolverine, on s’ennuie moins dans cette deuxième partie que dans le Prélude, néanmoins on ne peut s’empêcher de relever la généricité de l’intrigue : division entre des X-Men souhaitant vivre en harmonie avec les humains et d’autres mutants plus extrémistes désirant les dominer, énième utilisation des Sentinelles que les cinéphiles ont découvert dans le dernier X-Men en date (Days of Future Past), etc. Le seul élément un peu frais reste probablement la coterie de gamins qui sert de méchant à l’intrigue, même si Jason Aaron, pour les mettre en valeur, se sent obligé de les amener à maîtriser Magneto en deux cases, ce qui amoindrit un peu l’aura de puissance de ce personnage génial souvent inarrêtable.

L’autre faiblesse de cet « event » , c’est la manière dont le scénariste amène le conflit entre Cyclope et Wolverine, provoqué par la simple arrivée d’une Sentinelle sur Utopia. Cyclope veut que les mutants fassent front, Wolverine est d’avis qu’il faut se replier pour ne pas mettre les enfants en danger. Le problème, c’est qu’une Sentinelle seule, le passé nous a déjà démontré que cela ne constitue pas un danger si redoutable que l’on pourrait craindre pour la vie des jeunes mutants, et l’issue du combat le confirme puisqu’ils en viennent à bout sans trop de casse. On peine donc à comprendre pourquoi Wolveirne insiste tant sur cette retraite prudente. En même temps, si la menace s’était avérée plus périlleuse, c’eût été à Cyclope d’avoir un comportement irrationnel en obligeant des ados à se battre. Amener de manière convaincante un schisme au sein des X-Men devait être de toute manière un tour difficile, ici le pari n’est réussi qu’à moitié et sent trop l’opération artificielle décidée pour renouveler un peu le titre en altérant le statu quo.

La troisième partie est un bref épilogue où l’on voit Cyclope et Wolverine rendre visite à des mutants emblématiques comme Emma Frost, le Fauve, etc, pour leur demander de se rallier à la cause de l’un ou de l’autre. La mise en scène est originale, partagée entre les visites effectives à ces mutants et une sorte de combat tribal entre Wolverine et Cyclope situé dans la Préhistoire, servant de métaphore à la lutte qui se joue entre les deux piliers de la race mutante.

Au niveau du dessin, c’est extrêmement varié, en témoigne la longue liste de dessinateurs qui œuvrent sur ces quelques 300 pages. Malgré l’absence de constance dans le style, les yeux ne sont pas du tout lésés, profitant autant du trait de grands noms du milieu comme Adam Kubert, fils du tout grand Joe Kubert et frère du très apprécié Andy Kubert, que de dessinateurs plus jeunes et plus discrets comme Roberto De La Torre, qu’on a pu apprécier sur Iron Man ou Daredevil. Un plaisir visuel, hélas non égalé par un scénario d’inspiration moyenne.

X-Men Schism
One-shot
Dessinateurs : Billy Tan – Adam Kubert – Daniel Acuňa – Alan Davis – Carlos Pacheco – Frank Cho – Roberto De La Torre – Andrea Mutti – Will Conrad – Clay Mann
Scénaristes : Paul Jenkins – Jason Aaron – Kieron Gillen
Éditeur : Panini comics
Collection : Marvel Deluxe

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