En juin, les éditions Dystopia célèbrent leurs 10 ans … Elles ont pour l’occasion offert des Services de Presse de certains de leurs titres. J’ai ainsi eu le grand plaisir de lire un recueil de nouvelles tirées d’autres recueils (publiés chez Denoël) et concocté par la traductrice, Nathalie Serval. On notera qu’il s’agit d’un deuxième recueil de Lisa Tuttle chez cet éditeur, le premier est aussi l’œuvre d’une traductrice-romancière, Ainsi naissent les fantômes par Mélanie Fazi.
Quand, il n’y a pas si longtemps, les critiques littéraires se sont rendus compte que les femmes écrivaient aussi bien que les hommes, une de leurs premières interrogations a été de chercher à savoir s’il y avait « une écriture spécifiquement féminine ». Je ne sais pas si ils/elles ont trouvé une réponse, mais je sais que dans ce recueil il y a pour moi des sujets que j’imagine mal traités aussi finement par un auteur masculin. Dans En pièces détachées, par exemple, une jeune femme qui aime les hommes en collectionne des bouts et il doit se trouver une ou plusieurs histoires masculines où c’est l’homme qui thésaurise ; mais ce qui advient à la jeune femme ne peut arriver à un homme. Les textes intitulés Lézard du désir et L’autre mère me semblent spécifiquement féminins, au moins par le fait qu’ils parlent de La mère. Ce sont des textes qui appartiennent au genre fantastique. Cela permet à l’auteure de ne pas justifier une chute d’histoire. Comme d’habitude, je vous conseille une lecture lente – laissez reposer après chaque nouvelle pour mieux assimiler – et au hasard, à condition de commencer par Propriété commune ou Vol pour Byzance.
L’anthologiste-traductrice explique qu’elle a appris à bien traduire en traduisant cette auteure et cela se sent. Quand vous fermerez le livre, vous entendrez encore un peu la petite musique qui se dégage des textes, parce qu’elle est bien rendue et parce qu’elle donne aux textes une densité particulière.
Aviez-vous remarqué que je n’avais rien dit à propos de l’illustration de couverture ? Si elle est bien en rapport avec le contenu et fait un peu écho à Madame Virginia Woolf (Une chambre à soi), je me permettrai de la trouver un peu terne et peu attirante, dommage.
Bonne lecture.
Les chambres inquiètes
Auteure : Lisa Tuttle
Editeur : Dystopia
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