La mémoire du monde, tome I

La mémoire du monde, tome I

Un peu plus de mille pages à lire mais ne soyez surtout pas effrayé. D’une part vous avez déjà lu autant en une ou deux fois et d’autre part il s’agit de romans et non de « pensum ». Car la première caractéristique de ces romans est d’être didactique, de nous enseigner l’Histoire du monde. Et parce qu’il s’agit de romans vous ne trouverez pas en fin de volume les index des lieux et des personnages.

Une femme raconte. Voilà déjà un premier point intéressant. Le récit qui est fait du monde n’est pas celui d’un homme et vous pouvez voir en cela un juste retour des choses. La parole des femmes est prise en compte par une femme, elle n’est plus confisquée par celle des hommes. En quatrième de couverture on trouve – c’est le personnage principal qui parle – : « Alors que je n’ai plus de nom, que je suis vouée à disparaître, je te livre l’histoire de ma vie. Ecoute-moi bien, car ma mémoire est ta pensée. » et je me permettrai d’interpréter ces phrases à ma façon. C’est-à-dire qu’aujourd’hui où l’on a confié la mémoire des hommes à des archives plus ou moins numérisées et plus ou moins consultables à distance on peut penser que – à peine sollicitée par ceux qui savent le faire – notre mémoire disparaît de notre mémoire. Or il est difficile de penser sans mémoire, sans souvenirs et expériences appris. Ainsi Stéphanie Janicot nous rappelle ou nous apprend ce dont nous devrions nous souvenir. Elle use bien sûr d’un artifice qui peut faire sourire mais qui ne gâte pas le récit. Son personnage, qui suit attentivement les enseignements et les recherches de son grand-père médecin égyptien, constate par hasard que le chat qui a bu le liquide censé le guérir est mort et ressuscité. Pour échapper aux hommes qui veulent arrêter son grand-père elle boit le liquide, meurt et ressuscite, son nouvel état lui permet de se promener dans le temps sans vieillir. Le premier volume court de 1360 avant J.-C. à 280 avant J.-C., le deuxième va de 65 avant J.-C. à 604 après J.-C. On notera qu’il s’agit d’époques riches puisqu’elles s’arrêtent aux invasions barbares après avoir vu la splendeur des civilisations égyptienne, grecque et romaine. Des civilisations qui ont laissé des empreintes encore visibles aujourd’hui. Stéphanie Janicot nous raconte la vie de « personnes » qui lisaient l’obélisque comme la pierre de Rosette, qui comme nous pouvaient connaître Platon ou écouter des pièces dans le théâtre de Nîmes ou d’Orange. C’est bien de notre mémoire qu’il est question. Et donc de notre façon de penser.

Je ne résiste pas au plaisir d’une petite citation : « Toutes les histoires sont plus ou moins inventées. Ce qui importe, c’est pourquoi on les invente, alors elles nous parlent des hommes qui les ont inventées. »

Un conseil, plongez dans ces romans, lisez une époque, laissez reposer comme une pâte à crêpes et puis passez à l’époque suivante. L’histoire, la mémoire cela s’assimile progressivement comme ferait un amnésique pour réapprendre à penser.

Bonnes lectures.

La mémoire du monde, tomes I et II
Auteur : Stéphanie Janicot
Editeur : Albin Michel

www.albin-michel.fr

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