Les jeux japonais ont le vent en poupe. Heureusement pour nous, les éditeurs l’ont bien senti. Atlus, le développeur, nous fait la joie d’exporter son dernier jeu en occident pour notre plus grand plaisir. Persona 5 est le nouveau RPG 100% japonais du moment, sur PS4 exclusivement.


La série Persona est un produit pur souche provenant du pays du soleil levant avec tout ce que cela implique au niveau technique et artistique. Les Persona sont issues de l’univers Megami Tensei et Persona 5 est le 6ème opus de la série. Oui, 6ème, il y a eu deux Persona 2. L’originalité des Persona est, de mettre un accent très important sur les liens sociaux avec les personnages du jeu en plus de proposer un gameplay, avec des combats au tour-par-tour, et un scénario aux petits oignons. Chose importante à tout de suite préciser, le jeu n’est pas du tout en français, mais uniquement en anglais intégralement et en japonais.

Dans Persona 5, le joueur incarne un jeune adolescent sans problème qui, après avoir essayé de sauver une jeune femme d’une agression certaine, va voir sa vie chamboulée. En effet, malheureusement pour lui, l’agresseur est un homme de grande influence et ce dernier porte plainte contre le protagoniste. Renvoyé de son école, il est envoyé à Tokyo en liberté conditionnelle chez un ami de la famille pour une année. Dès son arrivée dans la mégalopole, il est casté comme délinquent et les gens lui réserve un accueil très froid. Averti de se tenir à carreau, le protagoniste connait des débuts difficiles, surtout que les rumeurs qu’il a agressé quelqu’un circule vite dans les couloirs de la Shujin Academy, sa nouvelle école. Du coup, notre héros fait la connaissance d’un autre élève « à problèmes », Ryuji. Avec lui, ils vont découvrir une mystérieuse app sur leurs téléphones qui les envoie dans monde étrange rempli de monstres. Les deux compères vont vite comprendre qu’il s’agit de l’univers fantasmé de l’esprit d’un de leur professeur dans lequel il est le roi absolu. Au fur et à mesure et avec l’aide de nouvelles connaissances, ils comprennent que le monde (réel) dans lequel ils vivent est dangereux, injuste et ressemble à une prison. Ils décident donc de devenir le clan des Phantom thieves of hearts et de cambrioler l’esprit malade des tortionnaires corrompus et ainsi rétablir l’ordre et la justice.

Comme tout bon RPG japonais, l’histoire commence de manière assez banale et légère pour ensuite basculer vers des enjeux beaucoup plus importants, profond et sérieux. Une autre des grandes forces de ce Persona 5 est de faire passer un message sur la liberté. Le thème principal du jeu est la quête de liberté et de justice. On suit une bande de jeunes qui est confronté, à plusieurs niveaux, à la société des adultes et de leurs règles. Ils découvrent que certaines personnes abusent de leurs positions et font des personnes qui sont sous leur emprise leurs esclaves. Ils se rendent compte aussi que les gens autour d’eux portent un masque en permanence et refusent de voir la réalité en face. C’est en se rebêlant contre eux et contre eux-mêmes, qu’ils vont devoir se redécouvrir et s’accepter tels qu’ils sont pour tenter de remettre de l’ordre et d’ouvrir les yeux au reste du monde.

 

Persona 5 est un jeu dans lequel il faut prendre son temps. Le gameplay est diviser en deux parties très distingues toutes aussi importante l’une que l’autre. Il y a les palaces pour les phases d’actions. Et la partie sociale. Parlons déjà des palaces. Dans ces endroits, le but est de faire un casse et de voler le trésor du seigneur des lieux. Pour se faire, le protagoniste et ses amis s’infiltrent dans le palais ou donjon et explorent les lieux. Entant que voleurs, ils se font le plus discret possible pour ne pas attirer trop l’attention. Ils dérobent les coffres et éliminent les gardes. Pour éliminer les gardes le jeu se met en phase de combat. C’est du tour-par-tour. Chacun son tour, les personnages vont pouvoir attaquer l’adversaire. Persona propose un système avec plusieurs styles d’attaques. Il y a les attaques directes en frappant l’ennemi avec une épée, un bâton ou autre pour lui infliger des dégâts. Il y a l’attaque à l’arme à feu avec un nombre de balles limité. L’utilisation d’objet pour se soigner, se protéger, etc. Et il y a les attaques avec les personas. Les personas sont des créatures métaphysiques qui viennent en aide aux personnages. Ils tiennent un rôle primordial dans le jeu. Ils ont chacun leurs forces et leurs faiblesses avec différents types d’attaque comme le feu, la glace, l’électricité, etc. En gros, ça fait un peu Pokémon quand on y repense avec les points SP et HP qu’il faut gérer. Donc, le but dans les combats, c’est de connaître les faiblesses de ses adversaires et les exploiter à fond pour économiser ses ressources de HP et de SP. Plus on progresse dans le palace, plus les ennemis sont nombreux et forts. Il y a heureusement des salles de sauvegardes qui font office de checkpoint. Il faut savoir que les ennemis abattus ne réapparaissent pas tant que l’on est dans le palace. Par contre, si on sort du palace pour retourner dans le monde réel et qu’on retourne ensuite dans le palace, tous les ennemis reviennent. Mais alors pourquoi sortir du palais si c’est pour y revenir, me direz-vous. En bien pour une première raison simple, le jeu nous bloque et nous force scénaristiquement à sortir du palace pour avancer dans l’histoire. Une deuxième raison est en rapport avec les ressources. Comme je disais plus haut, il faut économiser sa vie et sa magie. Il est possible facilement de redonner de la vie à soi-même et ses coéquipiers, mais la magie c’est plus difficile surtout en grande quantité. Il faut donc ressortir du palace pour faire le plein en allant dormir dans le monde réel pour ensuite revenir comme un sou neuf. Une autre raison de sortir d’un palais, c’est de se rendre compte que l’on est trop faible et qu’il faut mieux s’armer avant d’y retourner. Pour attraper de nouveaux personas, il y est parfois possible de marchander avec une créature sur le point d’être détruite. La créature vous suppliera de l’épargner. C’est au joueur de choisir ce qu’il veut en échange de sa vie en sélectionnant les bons dialogues et espérer que le persona se joigne à lui. Les personas, comme les autres, montent en niveaux et deviennent plus fort et gagnent des compétences. Il est donc nécessaire de les faire progresser. Il est aussi possible de fusionner des personas pour monter plus vite des niveaux. Les combats sont très dynamiques avec pas mal de variétés avec différentes stratégies à adopter.

La deuxième partie du jeu, c’est la vie « normale » dans le monde réel. C’est vraiment un life simulator. Le jeu va au rythme du calendrier. Chaque journée est divisée en plusieurs parties dans lesquelles il faut faire des choix d’activités durant les temps libres ainsi qu’aller à l’école. L’école est programmée chaque jour de la semaine avec des cours qui permettent d’augmenter son savoir en répondant correctement aux questions des professeurs. Après les cours, il est possible d’effectuer plusieurs activités, quêtes secondaires et suivre des histoires parallèles d’autres personnages. Il est, par exemple, possible de prendre un job à temps partiel ou faire des activités pour gagner de l’argent et de l’expérience dans divers domaines comme le charme, la connaissance, l’efficacité, la gentillesse et le cran. Plus ses compétences sociales sont hautes, plus il y a de possibilités de faire des tâches importantes et d’interagir avec les pnj de manière importante et intéressante. Cela permet aussi d’accéder à de nouveaux endroits. On peut aussi lire, regarder des DVD, jouer à des jeux, aller à la bibliothèque, aux bains, aux restaurants, étudier, etc. Un autre point très important est de créer des liens d’amitié fort avec ses amis en passant du temps avec eux. Cela permet d’avoir de meilleurs personas plus efficaces. Qu’on se comprenne, toutes ses activités se résument la plupart du temps, pas toujours, à une animation avec quelques lignes de dialogue à lire sans réel gameplay.

En gros, une journée typique, vous allez à l’école, sur le chemin de l’école vous écoutez des conversations d’élèves qui vous apprennent un peu les mécaniques de jeu, ensuite vous allez à l’école et après les cours vous planifier avec les copains la stratégie du prochain casse, vous allez bosser ou autre puis vous rentrez à la maison et au lit. C’est vraiment, métro, boulot, dodo. Mais il faut faire attention au calendrier. Il y a des deadlines à respecter sous peine de conséquences grave dans le jeu. Donc quand le jeu nous explique qu’on a 10 jours pour effectuer le casse, faut bien planifier son temps libre afin d’être prêt et équiper avant la deadline.

Persona 5 n’est pas une claque technique. Déjà, il faut savoir que le jeu est sorti au Japon sur PS3 et PS4. Chez nous c’est sur PS4 uniquement. Mais ce que cela veut dire, c’est qu’on a affaire à un jeu propre nickel qui tourne très bien, mais qui est de la génération précédente. Niveau animation, c’est moyen, les graphismes aussi, les assets sont un peu simplistes et repris des versions précédentes, etc. On sent très bien que les développeurs ont repris ce qu’ils avaient déjà fait sur les anciens titres PS2 et PS3 pour les mettre dans cette version PS4 sans plus de polish. Par contre, le jeu se rattrape au niveau artistique, l’ambiance tokyoïte est superbe. On se promène à Shibuya, Shinjuku, dans les petits quartiers de la capitale, dans les stations de métro, c’est très chouette et très bien fait. Personnellement, c’est la facette du jeu que j’ai préféré. Par contre, le côté technique déçoit un chouia, car il y a du monde dans les rues et le métro, mais ce sont souvent des hombres ou des hommes sans visage qui disparaissent, alors oui c’est un style, mais c’est possible de faire mieux sur PS4, on s’entend. Les palaces sont plus variés et les salles et couloirs sont mieux remplis que dans Persona 4, mais là encore on peut faire mieux. C’est très carré, très linéaire, très jeu-vidéo des années 2000, en fait. Les développeurs se sont amusés à incruster pleins d’effet graphique 2D style Pop’art du milieu des années 50. C’est stylé, même si c’est un peu criard de temps en temps, on aime ou on n’aime pas. Moi j’aime bien en tout cas. C’est original. Le character design est là aussi excellent. Ceux qui ont aimé le char design de Catherine vont être aux anges. C’est très similaire. Il y a aussi les cinématiques qui sont de très grandes qualités. Les artistes rendent une copie sans faute avec une qualité d’animation et de style que certains animés pourraient leur envier. La musique est aussi vraiment importante dans le jeu, pour son ambiance. Encore une fois c’est très réussi avec des thèmes qui se collent parfaitement au jeu. Peut-être un peu moins mémorable que la BO de Persona 4, elle a au moins le mérite de mieux s’intégrer pour ne faire qu’un avec le gameplay.

 

Persona 5 est un long jeu qui se savoure. Un jeu qui prend (trop) son temps pour bien expliquer ses mécaniques et son scénario. Il va heureusement un peu plus vite à l’essentiel que Persona 4 qui m’était des plombes à démarrer. Il y a beaucoup de chargement dans Persona 5. Ils sont souvent très courts, mais très fréquents. Le jeu est un peu structuré comme un manga avec ses cases. Chaque scène (ou case) nécessite un petit chargement de 3-5 secondes. C’est court, mais ce qu’il faut savoir, c’est que la scénette qui suit est souvent presque aussi courte et qu’elles s’enchaînent. J’exagère un peu, mais on passe parfois d’une scène de dialogues à une autre durant toute la journée dans lesquelles il n’y a rien d’autre à faire que lire et presser X. C’est parfois intéressant et parfois non. Et malheureusement de temps en temps on skip des passages car trop c’est trop. Mais c’est ça aussi qui rend le jeu attachant, car ça le rend « plausible » et lui donne de la profondeur et de l’humanité. Il y a un grand soin dans les dialogues même si ça se perd souvent dans les longueurs et l’inutilité. Comme le jeu le répète à plusieurs reprises, il faut prendre son temps et pas rusher dans les palaces. Il faut construire des relations avec ses amis. Il y a même possibilité d’avoir des romances avec certains personnages. Tout ça prend du temps et c’est une des raisons pourquoi le jeu peut prendre près d’une centaine d’heure pour le finir.

Malheureusement pour certains joueurs l’ambiance et la « magie » du jeu peuvent vite s’effacer lorsque l’on se rend compte que l’on répète un peu toujours la même chose pendant plus de 100 heures. On rencontre un nouveau personnage. On devient ami avec lui. On fait nos trucs dans le monde réel. Finalement, on va dans le palace. On essaye d’avancer dans le palace au maximum jusqu’à ce que le jeu nous bloque pour le scénario. On retourne dans le monde réel et on refait nos trucs. On retourne dans le palace. Le nouveau fait son « reveille », obtient son persona et se joint à l’équipe. Et ainsi de suite. Du coup ça devient vite beaucoup de blabla et un peu d’action. Il faut donc bien être au courant que c’est un jeu lent dans sa progression avec beaucoup d’aller-retours et qu’il faut investir beaucoup de son temps personnel pour en voir le bout. Ce qui vaut la peine si l’on adhère au format.

Persona 5 est un excellent rpg japonais qui mérite d’être différent de beaucoup d’autres jeux avec son approche très social. On ne devient pas juste ami avec les personnages. On crée des liens qui s’avèrent utiles au gameplay. Les mécaniques de gameplay sont bonnes et riches. Surtout les combats qui offrent pas mal de subtilités et de stratégies à adopter. Le social simulator est excellent pour son ambiance, ses décors, ses dialogues bien écrit, mais on a parfois plus l’impression de lire un manga que de jouer à un jeu vidéo. Persona 5 est un jeu qui prend son temps. Il faut près d’une centaine d’heures pour en voir le bout et le risque de ressentir une certaine répétitivité est assez grand. Néanmoins, juste suivre les aventures du protagoniste et de ses amis vaut le voyage. C’est très immersif et arpenter les quartiers de Tokyo est un vrai plaisir. On s’imprègne un peu de la vie Tokyoïte en prenant le métro, en allant à Shibuya, aux bains, dans les restaurants, etc. Le seul bémol serait un peu le rythme lent, le sentiment de ne pas avancer et les aller-retours dans les palaces pour des raisons scénaristiques qui ont parfois tendance à donner envie de laisser tomber. Bien que le jeu soit techniquement assez moyen, il se rattrape sur le côté artistique graphiquement et phonétiquement avec une excellente BO. Ceux qui ont aimé Persona 4 et les autres Persona aimeront Persona 5, car il améliore beaucoup d’aspect du gameplay tout en restant fidèle à la série. Le design des palaces est plus intéressant, les personnages ont pris en maturité, il y a plus de choses à faire et d’activité qu’auparavant, et certaines mécaniques font leurs retours comme les démons qui supplient de les épargner en échange de quelque chose à négocier. Autre bémol un peu plus important, le jeu à plusieurs fins possible dépendamment des choix et de la réussite ou non des palaces. Alors oui, c’est toujours sympa d’avoir plusieurs aboutissements à une histoire, mais raté la « vraie » fin parce qu’on a raté une deadline sur 100 heures de jeu, ça fait un peu mal. Mais bon on peut toujours recommencer et faire d’autres choix et vivre une aventure un peu différente. Bref, le jeu est excellent, il aurait peut-être été encore meilleur en version portable, sur PS Vita par exemple, pour pouvoir y jouer n’importe où et n’importe quand. Néanmoins, il faut savoir où on met les pieds. C’est un jeu très long dans lequel l’histoire prime sur le gameplay avec énormément de dialogue et le jeu est entièrement en anglais. Le niveau d’anglais n’est pas extraordinaire, mais pour suivre un peu faut au moins avoir les bases de la langue de Shakespeare. Si c’est le cas et que vous aimez les RPG japonais, Persona 5 vous comblera.

Les plus :

  • Une DA fantastique
  • Une histoire captivante
  • Des personnages attachants
  • Une bonne bande originale
  • L’ambiance Tokyoïte

Les moins :

  • Techniquement moyen
  • Trop de phase à « rien faire » (lire)
  • Un rythme un peu lent (surtout au début)
  • Les aller-retours dans les palaces

 

Éditeur : Atlus
Développeur : Atlus
Date de sortie : 04 avril 2017
Plateforme : PS4 & PS4 Pro

Genre : RPG japonais

Persona 5
4.5Note Finale

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