Couverture sobre d’un gris doux. Encore une fois, je me permettrai de regretter une introduction didactique dont seule une courte première partie est à mes yeux intéressante. Le reste tente de justifier le titre : ‘habiter dans la distance’ par des citations de la correspondance proposée au lecteur. Peut-être qu’en comparant le récit d’un voyage en train de nuit fait dans l’introduction (page 11) avec le récit du même voyage par Ramuz (page 60) vous comprendrez ce que je veux dire… Monsieur Vincent Kaufmann qui rédige cette introduction nous dit que Ramuz « et tant d’autres n’écrivent pas pour communiquer avec leurs contemporains, mais au contraire parce qu’ils sont incapables de communiquer ou parce qu’ils résistent à le faire. ». Or, j’ai pour ma part trouvé dans ces lettres beaucoup d’humour et de tendresse. L’une étant sous-jacente à l’autre.
La séquence du train de nuit est désopilante, la lettre est de 1908 et on l’imagine très bien en version muette tournée par un Max Linder ou un Chaplin. Et je suis sûr que les auteurs importants auxquels il s’adresse perçoivent la chaleur humaine et l’humilité qui transparaissent dans le style guindé employé avec eux. Peut-être sentirez-vous la pudeur et l’humour se glisser sous les mots à Cécile ou même à gros Didi. En lisant la lettre dactylographiée en complicité avec sa fille, vous sentirez l’humble humain sous la frappe mécanique. Le fac-similé des pages 177 et 178 est une lettre à son petit-fils écrite une vingtaine de jours avant le décès de Ramuz, je crois que l’on peut y lire son attention aux autres et sa profonde humanité.
Conseils de lecture : ne vous préoccupez pas trop de savoir à qui s’adressent les lettres retenues, ce qu’elles disent est éclairant mais faites attention à celles envoyées à Paul Claudel ou à Jean Paulhan. Lisez, vous pouvez même oublier les dates. L’important c’est ce que l’on perçoit de lui dans ce qu’il dit aux autres.
Bonnes lectures lentes…
Lettres, 1904-1947
Auteur : C.F. Ramuz
Editeur : Zoé
Collection : Poche
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