Un gros livre à déguster, à siroter. Un gros livre qui en contient deux. Avec en couverture une Marguerite Duras dans la force de l’âge. Un gros livre qui, malgré le fait que certains sujets en soit bien datés et surtout que certains supports aient disparu depuis longtemps, ne vieillira pas ou peu. Un gros livre de mémoire, pour la mémoire des personnes oublieuses.

C’est au moins pour cette raison :  » se souvenir » que ce recueil est intéressant. Se souvenir de la fin des années 50 et jusqu’au milieu des années 90. Je ne sais si vous avez remarqué mais l’information aujourd’hui circule tellement vite qu’une nouvelle chasse l’autre et que parfois on ne se souvient plus d’un événement d’il y a six mois – certains jeux télévisés nous en remettent en mémoire. Et l’on n’a plus le temps ou on ne se le donne plus de chercher les relations qui peuvent exister entre deux événements. Ce livre vous parle de « choses » et de personnes oubliées dans le grenier de nos mémoiresâ�� On pourrait le lire comme complément au recueil de Roland Barthes intitulé « Mythologies » et le ranger sur les étagères de bibliothèques au côté des « usuels » et autres dictionnaires.

L’autre intérêt de ce recueil est qu’il est « écrit ». Il ne s’agit pas de l’écriture journalistique qui bien souvent privilégie l’émotionnel, nous sommes ici en présence de textes qui racontent, qui dessinent une idée, une façon de voir sans chercher à l’imposer mais en la soumettant au lecteur en lui proposant une autre approche. C’est intelligemment insidieux car cela ne laisse pas de goût déplaisant. On sort de la lecture de ces textes avec le sentiment, l’impression d’avoir pensé autrement.

Je vous recommande particulièrement : « Un roman sur cent voit le jour », « Nadine d’Orange », « La voie du gai désespoir », « Entretien avec Francis Bacon », « Pascale », « Flaubert c’estâ�� « , « Jeanine Niepce », et « Pickpocket ». Vous y trouverez un éclectisme certain et une conscience professionnelle indiscutable. Et pour la bonne bouche je ne résiste pas au plaisir de deux citations : « Un maharadjah vous manque, Deauville est dépeuplé. » et « Lire une bande dessinée c’est lire. »

Faites-vous plaisir.

[Noé Gaillard]

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