L’illustration de couverture est fort réussie, discrète et fine. On notera dans le coin droit en bas le mot non-fiction qui veut distinguer ce livre des publications habituelles de l’éditeur. (J’en profite pour vous signaler chez ce même éditeur l’intégrale en trois volumes de « Le rêve du démiurge » de Francis Berthelot qui est incontournable.) Vous remarquerez aussi que le titre a tendance à disparaître, à se fondre dans le dessin. Et quand vous aurez ouvert le livre et commencé à lire vous verrez que ce qui est écrit l’est à la première personne du singulier alors que le titre est à la première personne du pluriel. Et rien n’est usurpé. Le JE de l’auteure s’accorde avec le NOUS des gens qui sont comme elle.
Elle est différente. Hors moule social… et elle s’évertue à nous raconter comment elle a su s’accepter comme différente. Elle nous montre ainsi que nous les vivants dans le moule social – que nous en soyons conscient ou non, satisfaits ou non – nous participons de ce qui l’a blessée. Première remarque, ce livre ne mord pas, n’agresse personne, il n’est pas un brûlot revanchard d’auteure aigrie. Je le rangerai plutôt à côté des livres qui libèrent, de ceux qui offrent aux concernés le moyen de se comprendre et de s’accepter… Et bien sûr de nous accepter. En tant qu’homme je ne peux qu’admettre la douleur ou la détresse dite ici par une femme, mais je peux comprendre que des paroles conciliantes soient inutiles ou malvenues surtout quand elles renvoient au moule social.
Si j’ai bien lu, c’est d’avoir eu du mal de ne pas trouver sa place en conformité avec les autres que souffre l’auteure… Elle aime vivre seule et revendique le fait de pouvoir le faire sans être perçue et sans se percevoir comme une « monstruosité ».
Elle a découvert qu’elle n’était pas seule dans son cas et surtout qu’elle pouvait dire sa différence puisque d’autres l’avaient fait et avaient été entendus.
Le format du livre est petit, il tient dans une poche et l’on peut imaginer qu’après lecture vous le trimbaliez avec vous pour l’offrir ou l’abandonner dans un lieu qui vous semble propice et qu’il entre ainsi dans une chaîne de lecteurs/trices infinie.
Bonne lecture.
PS : je m’en serai voulu de ne pas vous offrir une petite citation :
« Je trouve infiniment triste qu’on puisse se côtoyer, partager les mêmes douleurs, les mêmes questions, les mêmes angoisses, et ne jamais échanger les mots qui permettraient de les apaiser, simplement parce qu’on se croit seul et que personne n’ose prendre la parole en premier. »
Nous qui n’existons pas
Auteure : Mélanie Fazi
Editeur : Dystopia
Laisser un commentaire