La louve et l’agneau

L’illustration de couverture – un peu tristounette à mon goût – signée Piero della Francesca s’intitule « Le songe de Constantin » et est parfaitement en accord avec le contenu de ce roman. Oui, vous avez bien lu, il est question de roman et non d’essai ou de réflexion sur un sujet. Si vous regardez la bibliographie de l’auteur, je pense que vous comprendrez facilement. Il me semble qu’écrire un roman quand on est un universitaire de grande renommée est non seulement un défi et une élégance. Ecrire sur ce que l’on connaît bien et distraire.

Avant d’aller plus loin, un mot sur le titre. Sachant que l’histoire se passe en 258 dans une province de l’Afrique romaine et concerne des Chrétiens, la louve peut renvoyer à celle qui a nourri les deux fondateurs de Rome, la Romaine. L’agneau peut renvoyer aux Chrétiens encore considérés comme dangereux pour la civilisation romaine.

Le légat – gouverneur de province – Caïus qui rêve de prendre une retraite méritée dans sa villa sur le Janicule est chargé de s’occuper d’une affaire de chrétiens. Ceux-ci ont été arrêtés, car les empereurs le veulent, pour ne pas avoir sacrifié aux dieux romains. Et bien sûr, d’abord parce qu’il est un fin lettré, on dira un intellectuel curieux, il va s’interroger sur ces gens, sur ce dieu unique. Le roman raconte ses interrogations et sa rencontre avec une jeune Chrétienne. Lucien Jerphagnon connaissait bien l’antiquité romaine et on peut imaginer le plaisir qu’il a eu à entrer dans la peau d’un légat. Comment mieux dire le passage d’un monde à un autre si ce n’est en se mettant à la place de ceux qui l’ont vécu ? C’est érudit parce que Caïus ne peut s’interroger et comprendre que s’il sait ce qui se passe ailleurs. Attention, surtout n’allez pas croire que parce que j’ai écrit « érudit » c’est difficile à lire. L’auteur ne vous inflige pas le style latin. Il écrit simplement au point que parfois on se demande si telle ou telle chose existait bien du temps des Romains.

Un livre pour réfléchir à l’altérité et aux croyances ou aux foi*.

Bonne lecture.

Nota : on consultera avec plaisir la bibliographie de l’auteur.

* Le pluriel de ce mot est inusité…

La louve et l’agneau
Auteur : Lucien Jerphagnon
Editeur : Albin Michel
Collection : Espaces libres

www.albin-michel.fr

La louve et l'agneau
5.0Note Finale

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