
Récit et dessins d’Anne-Sophie Servantie. Et il est vivement recommandé de lire attentivement la page 6. D’abord parce qu’elle donne une clé et ensuite parce qu’elle justifie une démarche ‘juste’ à mes yeux. Ne pas rendre esthétiquement belles la douleur, la peine ou la difficulté d’être. Laisser la main et les mots raconter-dire ce qui ronge à l’intérieur de soi. Laisser la catharsis s’exercer librement.
On supposera que nous avons du mal à entendre, percevoir, comprendre la souffrance des autres si l’on n’a pas soi-même souffert. C’est vrai avec des nuances pour ce qui relève de la douleur physique, mais pour ce qui est de la douleur morale il me semble que la douleur n’est pas quantifiable. Peut-on mesurer un niveau de sidération ? Un niveau de culpabilité ? On excusera ce préambule un peu long mais je ne sais pas bien parler de la douleur des autres, je suis un homme et les douleurs des femmes me sont non-mesurables… Ce qui ne m’interdit pas la compassion.
Anne-Sophie raconte comment elle est passée du noir aux retrouvailles avec un peu de lumière. Ce qu’elle montre nous dit son chemin, sa prise de conscience, parfois un peu sa douleur. Elle dit comment la douleur non dite affleure dans sa réalité. Comment sa peinture trahissait cette douleur sans la libérer vraiment. Elle dit aussi le regard des autres et ses trois personnes : la blessée, la sociable et celle d’entre les deux, anonyme. Du moins c’est comme cela que je l’ai perçue dans la ‘douceur’ de son dessin, dans la violence retenue de certaines images (que je vous laisse découvrir, trop peu sûr que nous partagions les mêmes), dans un usage subtil de la couleur (comme en couverture).
Conseil de lecture : lisez d’une traite sans ‘réfléchir’ puis laissez ‘reposer’ et si vous voulez parler de ce que vous avez lu, préférez quelqu’un qui l’a aussi lu.
A lire et offrir…
La première couleur fut le noir
Auteure : Anne-Sophie Servantie
Editeur : Mosquito
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