Une vengeance de l’Ankou

A propos de l’Ankou, dont on vous dit en quatrième de couverture qu’il personnifie la mort, je vous recommande la lecture de La légende de la mort d’Anatole Le Braz (Archipoche) et, pour ce qui est du roman en lui-même, d’avoir toujours en permanence à l’esprit la formule des frères (Edmond et Jules) Goncourt : « L’histoire est un roman qui a été; le roman est de l’histoire qui aurait pu être. »

Comme sur un programme de théâtre, vous trouverez en début de volume la distribution des personnages répartis selon les sexes, les familles, les professions et les rapprochements avec le curé, le maire, l’instituteur. L’auteur restitue la vie de trois familles entre 1829 et 1871. Ce dix-neuvième siècle est, on le sait, celui de la Révolution industrielle qui va bouleverser la ruralité au moins avec l’arrivée du chemin de fer. Et cela va exacerber les tensions entre les trois « institutions » citées plus haut. Le curé régit – moralement et socialement – la vie du village du haut de sa chaire, monsieur le maire impose sa république et l’instituteur enseigne sans Dieu. Seule, sans doute, la croyance en l’Ankou doit réunir les Bretons. L’auteur nous raconte ces vies comme il nous raconterait l’Histoire en nourrissant son texte de précisions incontestables. On ne peut se contenter de dire qu' »il sait de quoi il parle ». Il a fourbi ses notes comme celle page 24 par exemple qui concerne les jugements de femmes pour infanticide. Vous avez compris que si vous êtes ému ou touché c’est plus par le biais d’une réalité que par un effet de style romanesque. Et je crois que se pose alors la question : vaut-il mieux lire un roman feuilleton – Les mystères de Paris ou La porteuse de pain – ou un « documentaire » basé sur d’incontestables données historiques ? Je crois que comme moi vous connaissez au moins une réponse étonnante de relativisme. Cela dépend de notre état d’esprit du moment. Mais je crois qu’au fond de soi on préfère être « séduit » et abandonné à nos réflexions plutôt que convaincu…

Laissez-vous convaincre, pour changer.

Bonne lecture.

Une vengeance de l’Ankou
Auteur : Jean Rohou
Editeur : Presses de la cité
Collection : Terres de France

www.pressesdelacite.com

Une vengeance de l'Ankou
4.0Note Finale

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