Étrangement, l’illustration de couverture m’a renvoyé à l’affiche du film de Stanley Kubrick : Lolita… trop de vermillon, sans doute. En matière de roman policier, il y a pour moi deux sous-genres. Ceux qui racontent une histoire palpitante en se contentant de nous embarquer. Ceux qui peaufinent les détails, le réalisme pour nous convaincre de la vraisemblance de ce qu’ils racontent. Et pour ces derniers on trouvera ceux qui jettent de la poudre aux yeux et ceux qui sont ‘sérieux’. Là, vous avez de la chance – doublement. Le fond, le décor de l’histoire sont crédibles, précis, intéressants et subtilement instillés.

Nous sommes en 2224, ne prenez pas cette date à la légère, elle suppose qu’il s’agit du temps – entre 150 et 200 ans – nécessaire à l’instauration d’une société de villages au gré des terres ‘habitables’ sur les ruines de l’ancien monde. Une civilisation où l’utile est utilisé si possible sans reste (le corps des défunts est utile) mais où parce que la population féminine est trop élevée les femmes, une fois leur temps de fertilité achevé, sont appelées à entrer dans un autre monde, celui du Grand Recyclage où leur deuxième vie sera merveilleuse. Les hommes vivent… et reçoivent le droit de choisir une nouvelle épouse. Une civilisation qui a banni les religions et les armes et semble-t-il fonctionne à merveille, grâce à un petit appareil qui régule l’intensité de vos émotions. Mais un fait troublant se produit dont la gouvernance va cacher la gravité. C’est Keen directeur de fait du musée qui présente les vestiges du passé et l’époux de Rachel, obsolète, qui va enquêter.

Vous avez compris, le fond, le décor sont des constitutifs de l’histoire au même titre que le mode de vie de la société qui les abrite et en ce sens c’est une réussite. Vous avez compris aussi qu’il y a une réflexion sur la femme, la féminité et qu’elle intègre le roman en finesse. Bien sûr cela éveillera en vous des échos de lecture. Pour moi cela a d’abord été Françoise d’Eaubonne (chroniquée trois fois sur notre site), puis Margaret Atwood (chroniquée deux fois sur notre site) et enfin Ursula K. Le Guin (chroniquée ici https://www.daily-passions.com/le-dit-daka-suivi-de-le-nom-du-monde-est-foret). Sophie Loubière s’inscrit avec Obsolète dans la même lignée. Une citation ? : « Le ciel sur nos têtes n’est qu’un songe lointain. L’homme ne quittera jamais la Terre. Coloniser Mars relève de l’utopie et c’est probablement une très bonne chose. ».

Bonne lecture…

Obsolète
Auteure : Sophie Loubière
Editeur : Belfond
Collection : Noir

www.belfond.fr

Obsolète
5.0Note Finale

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