Je vais me permettre de vous signaler que j’aime beaucoup le lettrage du titre, je lui trouve un rapport avec le texte. Autre chose, je ne sais quand cette chronique vous sera donnée à lire mais sachez qu’elle a été « rédigée » sensiblement dans le même temps que celles concernant : La Conversion de J. Baldwin, Le vent et le lion de J. McBride, L’insigne rouge du courage de S. Crane… On peut pousser la coïncidence plus loin en constatant que dans une nouvelle de McBride il est question du Comté de Fayette et que dans L’écho du temps on parle de Fayetteville… Bon, pour eux qui l’attendaient au tournant du deuxième livre, qu’ils soient rassurés, Kevin Powers écrit toujours aussi bien et c’est un plaisir de le lire. Et, pour une fois, je féliciterai celui ou celle qui a trouvé le titre français bien plus beau et fort que à mes yeux le titre anglo-saxon : A shout in the ruins.

Kevin Powers raconte quelques tranches de vie d’individus un peu avant, pendant et beaucoup après la guerre de Sécession. Ces vies et leur récit sont l’écho du temps de la guerre. Je veux dire que d’une part la guerre brasse des quantités d’individus et de circonstances et que Kevin Powers nous en renvoie l’écho par le bais de quelques-uns qui la subissent. Pensez aux effets de la chute d’un caillou dans l’eau : les ronds – vagues – qui s’éloignent du point de chute en sont comme des échos. Le personnage principal pourrait être celui dont on parle le moins, un Français, Levallois, qui tire des ficelles, achète des esclaves, tue, viole, ruine… Et, comme en écho, George Seldom, un enfant trouvé avec sur lui un bout de papier disant : faites de moi ce que vous voulez, je suis à vous. Il porte le nom de Seldom parce qu’il est recueilli par les frères Seldom. En personnages secondaires, on trouve Émily Reid, épouse Levallois, Rawls et Nurse des esclaves, Bob Reid riche, puis blessé à la guerre, Lotty une serveuse qui protègera George… les autres sont plus ou moins silhouettes. L’auteur établit ainsi le portrait d’une Amérique violente et raciste où les noirs – eux-mêmes – doutaient de leur prochaine libération. Où les femmes n’ont d’autres fonctions que femme au foyer ou divertissement.

Et je crois que comme souvent un certain regard sur le passé permet de mieux voir le présent… Là cela renforce l’intérêt du roman.

Bonne lecture, rapide et dense.

L’écho du temps
Auteur : Kevin Powers
Editeur : Delcourt

www.editions-delcourt.fr

L'écho du temps
5.0Note Finale

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