Une couverture sobre et un demi alexandrin de Mallarmé pour attirer… c’est assez réussi. Il y a dans un film de J.-L. Godard, Le mépris, (d’après Alberto Moravia) une scène qui m’a toujours interpellé – pardon à ceux que cette scène indispose -, celle où Brigitte Bardot nue détaille son corps en demandant à Michel Piccoli s’il en aime telle ou telle partie… Et j’ai trouvé dans ce livre qu’au demeurant je me permettrai de trouver très sain dans sa façon de parler de sexualité – il me semble que les termes crus sont plus parlant et clairs que les métaphores – une réflexion forte : « … on éduque les femmes à se contempler morceaux par morceaux, entre le nez à refaire, les fesses à remuscler, les lèvres à repulper, les bras à raffermir, le sexe à épiler, nous ne nous envisageons jamais dans notre entièreté. ». Et j’ajoute que le regard masculin ne ‘note’-remarque globalement une femme qu’après l’avoir détaillée. Ovidie explique pourquoi elle s’est retirée depuis quatre ans du marché de la ‘baisabilité’, pourquoi elle fait une grève du sexe avec les hommes. C’est clair, net et précis… Et devrait, je pense, être lu par les femmes comme par les hommes. J’ai dû moi aussi prononcer l’expression : ‘Toutes les mêmes…’ dont vous connaissez sans doute la suite et la fin et j’ai trouvé il y a peu sur un réseau social un complément à cette formule : ‘… c’est peut-être que tu te comportes de la même façon avec toutes !’. Attention ! N’allez pas croire qu’Ovidie se contente de remettre nos prétentions à leur place, elle se pose la question de savoir ce qu’elle voudrait, veut à la place des comportements inappropriés. Et sa réponse peut surprendre. Elle ne sait pas vraiment ce qu’elle veut, elle sait d’abord ce qu’elle ne veut pas… Et puis en grattant un peu on s’aperçoit que ce qu’elle veut c’est de l’humanité. Elle insiste sur son amitié avec celui avec lequel elle collabore sur ses projets, sur l’absence de séduction dans leur rapport. En fait j’ai retenu le mot ‘projet’ comme porteur d’une relation enthousiasmante. Si vous avez, vous aussi, constaté la tristesse de la chair, il vous reste j’espère des livres à lire et au moins celui-ci.

Bonne lecture.

La chair est triste hélas
Auteure : Ovidie
Editeur : Julliard
Collection : Fauteuse de trouble

www.julliard.fr

La chair est triste hélas
5.0Note Finale

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publié.