Interview de Laurent Genefort “Mémoria” (2)

Interview de Laurent Genefort “Mémoria” (2)

De quels auteurs te revendiques-tu ?

La SF est un genre très partagé, au niveau des auteurs. Pour l’aventure, je dirais Jack Vance et Stefan Wul. Pour l’aspect « usagé » des mondes futurs, je dirais Walter John Williams et Bruce Sterling. Pour la création de mondes, Herbert bien sûr, Silverberg, mais aussi Larry Niven ou Forward… Bon, je vais m’arrêter là.

Les noms que tu donnes à “tes planètes” semblent échapper à une logique visible (Muspellsheim, Novo Persia, Kro ou Orense) comment procèdes-tu pour les baptiser ?

J’imagine que le nom d’une planète reflète la population qui l’habite, ou ses premiers colonisateurs. Donner un nom à une planète, c’est lui donner une histoire. Offrir une palette de noms très large, c’est faire croire au lecteur qu’à peu près toute l’humanité est partie dans les étoiles, que mon univers est un millefeuille de vagues de colonisation.

Dans ton lexique je n’ai pas trouvé trace du mot “Langue” est-ce à dire que tout le monde y parle ou écrit la même ?

Il y a une sorte de lingua franca qui est un sabir parlé par les peuples orbitaux, que j’évoque de ci de là – mes quelques emprunts à l’espéranto sont surtout symboliques – mais en principe, les langues doivent être différentes. Pour les besoins de l’action, je suis parfois obligé d’éluder ce genre de problème.

Ton personnage principal est passionnant mais tu l’envoies au repos, penses-tu le “ressusciter” un jour ?

Ce n’est pas dans mes habitudes, sauf pour Jarid Moray, le héros de « Dans la gueule du dragon » et « Une porte sur l’éther ». A la rigueur, il serait plus logique de traiter de la personne qui récupérera la mallette de transfert.

Ta bibliographie me semble au moins caractérisée par un grand nombre d’éditeurs (dix si j’ai bien compté) Peut-on dire que cela manifeste une certaine indépendance, un refus d’appartenir à une écurie ?

Non, pas du tout ! Au contraire, j’aime l’idée de continuité qu’offre l’inscription dans une collection. J’ai toujours été fier d’avoir débuté dans la collection Anticipation – laquelle a abrité, Wul, Klein, Steiner, Pelot, Andrevon, Brussolo… excusez du peu ! C’est simplement que les conditions éditoriales d’aujourd’hui ne le permettent plus. Cela dit, mon émancipation du Fleuve Noir aura été bénéfique, je pense, car j’avais besoin de plus d’espace pour mes histoires.

Es-tu partagé entre SF et fantasy ou penches-tu plus d’un côté que de l’autre et lequel ?

Mhm, le sein droit ou le sein gauche ?… Tout ce que je peux dire, c’est que je me sens aussi à l’aise dans un genre que dans l’autre. (Ce qui n’est pas le cas du fantastique ou du policier, par exemple. J’ai une grande admiration pour les écrivains capables de tout faire). En revanche, je trouve qu’il y a des sous-genres plus difficiles que d’autres, en ce qui me concerne. Créer un monde à partir de zéro ne me pose pas de problème, c’est même une source de jouissance. Mais faire de la fiction spéculative, imaginer un futur à un échéance de quinze ans qui ne soit pas ridicule, ça, c’est un défi.

Pour lire la chronique de « Mémoria », c’est ici:
Mémoria

www.gallimard.fr/Folio

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