Eux autres, de Goarem-Treuz

Eux autres, de Goarem-Treuz

Il s’agit de la suite de « Gwaz-Ru » – même éditeur – (voir archives) et donc sixième volume consacré au Cycle des Scouarnec-Gwenan. Et je voudrais faire remarquer tout de suite le décalage entre le titre et ce que raconte l’auteur. Ainsi lorsqu’on apprend dans le prologue que l’expression « Eux autres » traduit le mépris de celui qui parle pour ceux dont il parle on peut être surpris de ce que le livre rende hommage à ceux et celles dont il traite. On supposera que comme tout raconteur de fiction Hervé Jaouen s’inspire de faits réels et de vivants.

Ce volume raconte des bribes de vie des sept enfants de Gwaz-Ru et de Tréphine, son épouse, et commence en gros au retour de l’incarcération du père – dénoncé pour « marché noir ». La famille se distingue d’une part par le fait qu’elle n’est pas du coin et d’autre part parce qu’elle pratique la culture maraîchère sur une ferme en viager. Nicolas l’aîné s’est engagé dans l’armée et a subi les guerres coloniales. Angèle la première fille ne se mariera pas et restera avec ses parents. Maurice quittera sa famille pour se marier et refuser d’être maraîcher. Monique – un peu attardée – trouvera un amour à son goût mais aura du mal à supporter ses maternités. Julienne suivra le parcours de Maurice. Irène avec un diplôme de secrétaire épousera un Marocain et Étienne le petit dernier finira curé de village. Voilà pour ce qui est – à gros traits – des trajectoires de chacun mais on aura deviné que si elles traduisent peu ou prou l’évolution de la société de la dernière moitié du siècle dernier, ce qui fait le charme et l’intérêt du livre ce sont les rapports humains. La façon dont le patriarche – forte tête on s’en souvient – accepte l’évolution. Avec humour et tendresse en jouant sur les expressions bretonnes, Hervé Jaouen oppose le bon sens « paysan » à l’attrait pour le modernisme. Il n’est pas question dans ce roman du Front de Libération de la Bretagne qui fit sauter un relais de transmission TV et mit la neige sur les écrans mais on sent bien que cela n’est pas nécessaire. Et puis par l’intermédiaire de Gwaz-Ru l’auteur se permet de dire son fait au monde moderne… aux gens « l’immense armée des automates dont on se demande ce qu’ils sont venus foutre sur terre à part alimenter la chaîne économique, de l’industrie du biberon à la culture des chrysanthèmes… »

Bonne lecture.

Eux autres, de Goarem-Treuz
Auteur : Hervé Jaouen
Editeur : Presses de la cité
Collection : Terres de France

www.pressesdelacite.com

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