On dira que j’aime assez l’illustration de couverture même si je ne lui trouve guère de relation directe avec le roman. Deux ‘lieux’, deux quêtes d’identité, deux récits qui se résoudront en un seul. Les lieux : l’Europe, la Suisse, le Lac Majeur ; l’Amérique Latine, la Colombie, l’Équateur. Deux personnages en quête d’eux-mêmes : Diana, psychologue genevoise élevée par sa tante et qui souffre de violentes migraines et arbore au front une cicatrice ; Enero l’amnésique vendeur ambulant qui se sent/est poursuivi par un homme. Les récits celui du présent et du passé de Diana et celui des chercheurs de pierre vertes enserrés dans les guerres endémiques que se livrent les FARC et l’ENL . Les larmes de la montagne ce sont les émeraudes, les pierres vertes qui vous font riches. Diana aime, Enero tue et Antonio l’ethnologue raconte à Diana une autre vie, une autre famille… C’est sensuel, violent et difficile à lâcher. Pourtant ce n’est pas écrit à la première personne. C’est écrit d’un point de vue divin, selon l’expression consacrée. Nous sommes à la fois dans la tête, la peau des personnages qui s’interrogent et extérieurs à eux. On nous parle d’eux, on nous rapporte ce qu’ils font, disent et pensent. Et nous voilà voyeurs, spectateurs… Comme il s’agit de violences faites aux femmes et aux enfants – enfants soldats – je me suis souvenu d’un fait divers de 1985, abondamment télévisé, qui montrait une jeune fille colombienne : Omayra Sanchez, prise dans la boue que l’on tentait vainement de sauver… Nous étions témoins/voyeurs de son agonie. Là, en suivant Diana, sommes-nous émus par son histoire ou par ce qu’elle ressent ? Question : comment pour un auteur/une autrice faire ressentir aux lecteurs ce qu’il/elle veut faire éprouver devant une violence, une iniquité subies par une victime, autrement qu’en racontant une ‘fiction’ ? Prétendre endosser un Je en ferait-il des usurpateurs ?
Bonne lecture.
Cueillir les larmes de la montagne
Auteure : Manuela Ackermann-Repond
Editeur : Slatkine
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