Jean Doisy, premier rédacteur en chef de Spirou, les espérait aussi courageux que le célèbre groom. Les jeunes membres du club des Amis de Spirou vont oser défier l’occupant nazi en créant leur journal de BD satirique.
Cette histoire inspirée de faits réels fait l’objet d’une nouvelle série. La bande dessinée de 72 pages relate le quotidien de six jeunes adolescents qui en 1943 se sont rebellés après avoir découvert que le gouvernement belge sous l’emprise des nazis a interdit la parution de leur magazine préféré. Ce premier tome présente les personnages ainsi que le triste décor de la cité de Charleroi sous l’occupation.
Le jeune Flup et ses copains font tous partie du club des Amis de Spirou, un groupe soudé qui a pour mission de se soutenir les uns les autres en restant franc et droit. Ces membres aiment la discipline libre et joueuse, ils sont fidèles à Dieu et à leur pays (comme patriote et non comme nationaliste). Ils savent également se rendre utile et se déranger pour les autres, quitte à se priver quand ils estiment que c’est nécessaire. Ces enfants espiègles et courageux, révoltés par l’occupation ont appliqué à la lettre le code d’honneur du journal, puis se sont lancés à corps perdu dans la résistance. Une valeureuse action qui aura malheureusement de terribles conséquences…
Jean Doisy, de son vrai nom Jean-George Evrard est un journaliste-écrivain belge, rédacteur en chef du Journal de Spirou dès sa création en avril 1938. Il a répondu au courrier des lecteurs sous le pseudonyme du Fureteur et a entretenu avec les membres du club des Amis de Spirou une relation très fraternelle. Politiquement, il a été une personne très engagée dans la lutte contre le fascisme dès le début des années trente. Dix ans plus tard, lorsque les Allemands ont envahi la Belgique, il s’est engagé au sein du Front de l’indépendance, une organisation qui a rassemblé des résistants de gauche. Se sentant en partie responsable de la mort de quelques-uns de ses jeunes lecteurs qui ont combattu l’ennemi sur ses conseils, le bédéiste leur a rendu hommage à la fin de la guerre. S’inspirant de l’histoire réelle de jeunes lecteurs de Spirou morts pour la Résistance tout en exploitant l’histoire du créateur des Amis de Spirou, Jean-David Morvan et David Evrard proposent une formidable et touchante série jeunesse pour l’histoire de Spirou et celle de l’humanité tout court.
Jean-David Morvan est né à Reims en novembre 1969. L’auteur a vite voué un culte à la littérature de science-fiction. Après des études à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, il a trouvé sa voie dans le scénario en multipliant les collaborations avec de jeunes illustrateurs. Son premier album a été Reflets perdus – Diable à quatre (1993). Ses principales séries en ont fait un des scénaristes les plus prolifiques du début du troisième millénaire. Son registre mêle habilement science-fiction, classique et Héroic-Fantasy débridée. Ses personnages surprenants sont dotés de pouvoirs fantastiques et ses créations sont connues pour être rythmées, combinant péripéties successives et humour déjanté. C’est chez Delcourt qu’il a décroché un grand succès en lançant dès 1998 le Space-Opera Sillage qui s’est inscrit parmi les plus belles réussites du genre. En 2009, il a remporté un Silver Award au Prix International du Manga pour l’album Zaya et en 2004 l’auteur a publié son premier Spirou et Fantasio aux éditions Dupuis. David Evrard est aussi à l’aise en BD qu’en communication, l’illustrateur use sont trait à la fois chaleureux et tonique sur de nombreuses séries souvent scénarisées par Falzar et Zidrou. On lui doit le premier Max Bouzouki, Edwin et Will ainsi que Les Twins et Maître Corbaque. Evrard a également réalisé la très touchante série jeunesse Irena qui explore le destin exceptionnel d’Irena Sendlerowa. Par la suite, il a illustré avec beaucoup de subtilité le récit de résistance de Simone. Aujourd’hui, il a rejoint les éditions Dupuis et s’attaque à la touchante histoire de cinq ADS et de Jean Doisy.
Cette bande-dessinée qui commémore la création des éditions Spirou n’est pas évidente à parcourir. On reprend conscience de la période difficile des années trente et des difficultés de l’époque. Magnifiquement illustrée et dotée d’un complément historique que l’on découvre en fin de lecture, cette création est intéressante mais un peu déprimante.
Tome 1
Scénario : Jean-David Morvan
Dessin : David Evrard
Couleurs : Ben BK
Lettrage : Raphaël Ribeiro
Éditions Dupuis
www.dupuis.com
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