la vraie vie des fabuleux killjoys - extrait

la vraie vie des fabuleux killjoys – extrait

Une jeune fille se réveille en plein désert dans un sac qui ressemble fortement à celui utilisé pour les cadavres. Avec son chat, elle va croiser la route de quelques fans des Killjoys, ce petit groupe de rebelles qui s’opposait à la toute puissante BL/ind. Immédiatement reconnue comme celle qui les accompagnaient avant leur mort, Val et ses amis protégeront sans relâche Girl (la jeune fille) pour que la prophétie se réalise. La totalitaire et lobotomisante BL/industrie, ses épouvantails et ses draculoïdes n’ont qu’à bien se tenir, la révolte gagnera tôt ou tard Battery City.

Immanquablement une lecture chaotique et désordonnée, cette « Vraie vie des fabuleux Killjoys » laisse une bizarre impression d’un synopsis mal finalisé. Pourtant ce monde post-apocalyptique a manifestement fait l’objet d’une vraie recherche approfondie, où les méchants énigmatiques ne manquent pas, ce qui suffit largement à tenir le lecteur par sa curiosité. Surtout lorsque l’on sait que le scénariste à l’origine du projet est celui du fabuleux et justement récompensé (Eisner Award) « Umbrella Academy », ce one-shot fait encore plus inabouti, tel un puzzle où il manque une pièce et où l’on ne voit que ce trou béant, où qu’il soit. Difficile de croire que ce soit le même scénariste qui ait commis cet album, loin d’être raté mais également loin d’être réussi. Surtout que l’on ne peut pas dire que le dessin de Becky Cloonan ne soit pas à la hauteur : son style parvient parfaitement à rendre l’ambiance de ce futur totalitaire et la violence de cette rébellion post-punk. Coloré à souhait, l’on pourrait se croire dans un dessin-animé à l’enchaînement très rapide où les scènes d’action à coups de pistolasers laissent les moments de calme présenter les personnages.

Le problème vient d’ailleurs : ce volume est un morceau d’un plus grand ensemble, d’une œuvre qui le dépasse dans son ambition. Il aurait dû être livré avec un « enhanced-CD » du dernier album des My Chemical Romance : « Danger Days – The True Lives of the Fabulous Killjoys » et les clips issus de ses singles. Car toute l’explication est là. Bien sûr, les scénaristes l’expliquent dans leurs épilogues respectifs, mais peu nombreux sont ceux qui trouvent encore le plaisir de lire ces longs textes (qui ne sont souvent que de l’auto-congratulation signés par des grands noms, pour en vendre encore un peu plus), que l’on peut trouver en postfaces ou en préfaces. Allons au fait : ce one-shot est la troisième partie d’une œuvre transmedia, celle de son scénariste Gerard Way qui est également le chanteur et leader du groupe de rock alternatif My Chemical Romance. Le dernier album des MCR parle des Killjoys et de leur révolte contre BL/ind (AV/eugle en français), une multinationale et un système consumériste, aliénant, provoquant un lissage et un conformisme culturel dans sa population. Les 2 vidéos-clips mettant en image les singles « Na na na (na na na na na na na na na) » et « Sing » sont de véritables courts métrages montrant les Killjoys (alter ego des membres du groupe MCR) et cette fameuse Girl luttant contre l’épouvantail (le scénariste Grant Morrison himself !!) et les draculoïdes de BL/ind. Et c’est là que cet album et les explications de Gerard Way prennent tout leur sens : il s’agit de la conclusion de l’histoire de Girl, de l’explication de son importance dans les clips.

Mais voilà, même avec ce semblant de raison, il manque une fin développée, quelques explications sur la façon d’agir de BL/ind. Certes il n’est pas nécessaire de donner toutes les réponses mais de là à n’en donner aucune, il y a de la marge … Et que dire de tous ces personnages qui ne parviennent pas à faire vibrer le spectateur …, pardon, le lecteur ? Alors qu’il y avait la place pour donner plus de corps, plus d’affect, plus d’empathie à ces ersatz de Killjoys et à leurs compagnons de route. Et que dire de cet embryon de fin expédié en quelques pages alors que la prophétie est présente depuis les premières : cela manque de panache pour vraiment laisser un souvenir impérissable. Tant mieux pour Gerard Way que son groupe My Chemical Romance rencontra le succès, mais vous ne pourrez m’empêcher de verser une larme de regret sur la perte occasionnée pour le monde du comics. Snif.

La vraie vie des fabuleux Killjoys
One-shot
Dessinatrice : Becky Cloonan
Scénaristes : Gerard Way – Shaun Simon
Éditeur : Delcourt
Collection : Contrebande

http://www.editions-delcourt.fr/serie/killjoys.html

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