Merci d’éviter de dénaturer le blanc de la couverture en recouvrant ce livre comme un livre scolaire d’un film plastique transparent. Et pensez que malgré ses trois parties suivies d’un épilogue vous aurez sans doute envie de lire ce court roman d’une traite. Gardez les informations sur l’auteure pour la fin.

Vous comprendrez à un moment de votre lecture pourquoi les deux personnages qui ‘parlent’ dans la première partie sont, un peu comme au théâtre, présentés comme ‘père’ et ‘mère’. Ils sont les parents d’Isor, une petite fille qui pique des crises de violence devant lesquelles la médecine est impuissante. Ils se nomment Maud et Camillio quand ils parlent de l’autre. Chacun à sa manière aime Isor, les deux sacrifient une partie de leur existence à leur fille. Elle est pompier, chef de caserne, lui laveur de carreau. On dira qu’elle tente d’apprivoiser Isor par la sensualité, qu’il cherche à satisfaire les envies d’Isor. Bien sûr Isor qui ne parle pas ou alors en imitant les sons d’un tas de langues étrangères n’est pas scolarisée. Remarque personnelle : c’est tellement bien écrit que l’on entend deux voix puis que vers la fin de cette partie on croit n’en lire plus qu’une, celle du couple. Une chaudière qui explose et Maud et Camillio sont contraints de confier Isor à leur voisin Lucien qui ne peut qu’accepter… La deuxième partie est consacrée aux rapports entre Lucien et Isor et ponctuée par la façon dont Maud et son mari imaginent et pensent ces rapports. C’est dense parce que Lucien est vieux et vit replié sur lui-même… Et Lucien fait un AVC sévère, c’est Isor qui appelle les pompiers. Et Isor disparaît en laissant un mot à ses parents qui mettront un certain temps avant de réaliser qu’Isor écrit. Et ils vont recevoir beaucoup de courrier de leur fille qui est partie pour réconcilier Lucien avec son passé.

La fin de l’histoire ? Lisez simplement quelques phrases de l’épilogue… vous comprendrez, mais vous aviez deviné… Je vous avoue que j’aimerais travailler avec des étudiants sur ce roman, pour leur en faire sentir la finesse d’écriture et la subtilité de l’analyse des comportements des personnages. Ce roman a obtenu le prix Méduse (dont le bandeau qui l’annonce ne dit pas grand-chose à part le nom des jurés). Je vous offre une citation. Il est question d’Isor : « …le désordre lui va bien. Elle le porte comme un bijou. L’effervescence, le hasard sont ses parures qu’elle renouvelle à l’infini. ».

Bonne lecture.

La colère et l’envie
Auteure : Alice Renard
Editeur : Héloïse d’Ormesson

www.editions-heloisedormesson.com

La colère et l'envie
5.0Note Finale

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