batgirl annee un - extrait

batgirl annee un – extrait

Suivant le modèle lancé par le grand Batman : Année Un de Frank Miller, DC a sorti plusieurs « origin stories » sous ce nom dans les années qui ont suivi : JLA : Year One, Robin : Year One, Green Arrow : Year One, Huntress : Year One et… Batgirl : Year One. Un résultat à la hauteur de l’héritage du travail de Frank Miller ?

Fille (adoptive) du commissaire Gordon, Barbara se sent à l’étroit dans son bureau du GCPD, rêvant d’un jour où elle pourrait passer au cœur de l’action. Cette occasion lui est donnée à l’occasion d’un bal masqué où elle enfile un costume imitant celui de Batman pour agacer son père, et c’est à ce moment-là que le point de non-retour est franchi. Elle est maintenant considérée comme une justicière, et devra bon gré mal gré accepter le fardeau qui accompagne ce rôle. Et rapidement si possible, puisque deux vilains en mal de reconnaissance s’apprêtent à semer la dévastation sur Gotham…

Pourtant une « origin story », ce volume grouille de références à la carrière, déjà longue à la sortie de ce Batgirl : Year One, de Barbara Gordon. Relevons qu’à sa sortie, elle avait depuis longtemps troqué le costume de Batgirl contre le fauteuil roulant de Oracle depuis que le Joker eut tiré sur elle lors du très sombre Killing Joke. Or, cet aspect est justement mis en avant au début du tome, lorsqu’elle s’occupe de renseigner les policiers de Gotham depuis la chaise de son bureau, dans les locaux du GCPD. Plusieurs planches rappellent immédiatement le rôle d’Oracle et ses états d’âme ne manquent pas de rajouter à la tragédie qui l’attend : « Je ferai tout pour m’échapper d’ici… pour sortir de cette cage ». D’ailleurs, plus tard, dans la Batcave, en tombant sur une image du Joker sur l’écran, Robin lui adresse ce conseil : « Ce clown ne plaisante pas. Si tu tombes nez à nez avec lui, enfuis-toi. » Des mots particulièrement glaçants lorsqu’on connaît le sort qui est réservée à l’ingénue rouquine.

Les scénaristes ont par ailleurs eu la bonne idée de faire du ridicule Killer Moth l’antagoniste principal de ce récit ; un choix d’apparence risible, mais qui fait en réalité écho au Detective Comics #359, de janvier 1967, qui marquait la première apparition de Barbara Gordon dans un récit l’opposant, justement, à Killer Moth. La référence est savoureuse ! Il est à ce titre utile de souligner que les scénaristes réussissent avec brio à dresser un portrait crédible, on serait tenté de dire attachant, de Killer Moth en criminel de seconde zone, sur le déclin et jamais pris au sérieux. Et pour contrebalancer la légèreté de son costume, Scott Beaty et Chuck Dixon l’associent à Firefly, lui aussi vilain de seconde zone de l’univers de Batman, mais dont on tient ici un portrait glaçant de pyromane psychopathe, Firefly permettant ici d’introduire quelques scènes dont la noirceur contraste avec la relative légèreté du récit.

Batgirl : Year One renvoie également au Robin : Year One, paru chez Urban en septembre 2014. En effet, à l’heure où Bab’s enfile le costume, Dick Grayson est déjà devenu Robin et les scénaristes esquissent les prémisses de la romance qui va les lier dans de nombreux autres comics, allant jusqu’à reproduire une scène du Robin : Year One pour solidifier le pont vers celui-ci. Que ceux que le terme ‘romance’ fait partir en courant ne s’alarment pas : bien que porté par un personnage principal féminin, le récit ne cherche jamais à s’adresser spécifiquement à un public féminin. Pour autant, la caractérisation de Barbara n’est pas masculinisée et se dessine avec habileté et sincérité, entre son attachement pour son père, son besoin de lui cacher sa double-vie, sa curiosité pour Robin, sa soif d’aventure, sa faillibilité aussi, et l’ombre de Batman dont elle ne peut sortir.

Batman pourrait être le seul gros point noir de ce récit : certains traits du personnage sont ici accentués quasiment jusqu’à la caricature pour mieux contraster avec la personnalité enjouée de Batgirl et les puristes du Chevalier Noir risquent de ressentir un petit pincement au cœur. Toutefois, ce dernier reste largement en retrait et l’attention se concentre sur Barbara Gordon : tant mieux, on a moins souvent l’occasion de la voir en action !

Les planches de Marcos Martin sont franchement réussies, dans un style épuré évoquant Javier Pulido ou Darwyn Cooke. Sa patte profite particulièrement à un récit concentré sur des personnages féminins (Batgirl mais aussi Black Canary), puisque là où un Jim Lee aurait, dans un style plus réaliste, pu donner des airs vulgaires à une Black Canary au demeurant jamais très habillée, Marcos Martin lui, un peu à la manière d’un Bruce Timm, troque ce risque contre une élégance souple, fine, charmante.

Ce Batgirl : Année Un est une très bonne introduction au personnage de Barbara Gordon en costume de Batgirl. Rendue un peu caduque par toutes ses années sous le costume de Batgirl, il a toutefois été actualisé par le reboot des New 52 qui a redonné à Barbara l’usage de ses jambes, on le recommande chaudement à ceux qui voudraient découvrir le personnage avant de se lancer dans la reprise de la série par Cameron Stewart qui arrive cet automne dans le catalogue d’Urban.

Batgirl : Année Un
One-shot
Dessinateur : Marcos Martin
Scénaristes : Scott Beaty – Chuck Dixon
Éditeur : Urban Comics
Collection : DC Deluxe

http://www.urban-comics.com/

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publié.