Avis à ceux qui n’ont jamais lu Ramuz, cessez de tergiverser, lancez-vous. C’est maintenant dans notre monde dominé par la couleur et la vitesse et par contraste que vous devez mesurer ce qu’il dit et sa façon de le dire. Car, ne vous y trompez pas, si comme dans ce roman il parle de montagne et de transhumance, de froid de communauté de ‘langue’ ou de religion, il parle de notre humanité, de notre vie. C’est le superficiel qui change, a changé… le fond lui est le même. Imaginez que soudain, comme dans certains films, on passe sans transition et presque sans le percevoir du noir et blanc à la couleur ou l’inverse. Avant de vous dire un mot de l’histoire racontée, je voudrais essayer de faire comprendre la manière et l’importance de l’écriture de Ramuz. En résumé : il donne à voir et au moment où l’on voit, on perçoit ce que cache/renferme ce que l’on voit. Les portraits de personnes nous disent le visible par tous et un détail donne une idée des ‘pensées’ qui animent le portraituré. Mais on ne lit pas toujours le détail crucial et quand nous trouvons notre mot/détail clé du personnage tout ou presque de ce qu’on a lu le concernant nous revient comme un boomerang. Lisez, vous comprendrez.

Là il est question d’une ‘mauvaise blague’ qui tourne au drame… Firmin de Cheyseron parie avec ses camarades la veille du dernier jour de pâture en hauteur qu’il enlèvera la belle Allemande qui estive avec d’autres éleveurs plus haut sur le plateau. Bien sûr, Firmin réussit son coup. Et seul le frère de Liseli, l’enlevée, décide d’attendre sa sœur que les autres pensent partie en avance. Liseli reste mutique et s’enferme dans la pièce où Firmin et sa mère l’ont mise. Elle changera d’attitude quand, au sortir de l’hiver, le corps sans vie de son frère sera retrouvé. Josette qui aime Firmin s’interroge sur les rapports entre elle et Firmin, entre Liseli et Firmin… (ce passage est à mon sens exemplaire de ce que je dis plus haut des portraiturés). L’attitude individuelle de Firmin affecte deux communautés…

Conseil de lecture : tâchez de tout lire d’une traite, dans le calme, et prenez le temps de redescendre ensuite de la montagne. 

Le feu à Cheyseron
Auteur : C.F. Ramuz
Editeur : Zoé
Collection : Poche

www.editionszoe.ch

Le feu à Cheyseron
5.0Note Finale

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