Illustrations de l’auteur qui signe aussi la photo en couverture. Une préface laudative et réussie de Marie-Hélène Lafon et un recueil de poèmes en prose d’une rare densité. Conseil de lecture : lisez lentement pour savourer et gardez en bouche – comme l’on dit – pour déguster. Je vous livre d’abord en vrac ce à quoi j’ai pensé au fil de ma lecture : Virgile et ses Bucoliques, Hésiode – mélange de trois cultures : allemande, française, suisse – un tableau de ‘faucheurs’ dont je n’ai pas retrouvé l’auteur – des Haïkus (5/7/5 pieds pour 3 vers) – au Facteur Cheval – Caspar David Friedrich. Puis il m’est venu à l’esprit que nous, individus d’aujourd’hui, avions mis la culture sous serre, que nous chantions l’air de la solitude comme celui de la calomnie… que nous avions perdu beaucoup de sensualité. Que l’air dont parle Gustave Roud, c’est celui que l’on respire, qui ‘caresse’ notre visage et nos membres et parle à nos sens. En fait il me semble qu’il a bien compris que pour nous faire partager, éprouver une sensation il fallait la convertir en une image. Il nous donne des images à voir et à entendre – écoutez les sons qui vibrent dans ses mots. On pourrait se contenter de cela, c’est le risque d’une lecture rapide. Mais je crois qu’il nous donne aussi et de manière insidieuse une autre notion du temps. Un temps mesuré par le geste, le mouvement et non par les minutes. Un temps à vivre et non à compter.

Et je me permets quatre citations (j’ai respecté la typographie).

 : « Je suis moi par habitude, comme une salle d’auberge vide qui se souvient de ses hôtes absents, comme un carrefour abandonné. La pluie va venir. »

« un cigare exténué fume obliquement vers la lumière »

« Je crois aujourd’hui qu’il y a deux espèces d’hommes : ceux qui ‘meurent sur les saisons’ (pour reprendre la mystérieuse parole de Rimbaud), et ceux qui vont sans les voir ni les vivre. »

« Rose frissonne, pose sa petite main dans la large main fauve abandonnée, et la bouche contre l’oreille absente, sourdement, patiemment dispute à l’ombre sa proie humaine. »

Bonne lecture.

Air de la solitude
Auteur : Gustave Roud
Editeur : Zoé
Collection : Poche

www.editionszoe.ch

Air de la solitude
5.0Note Finale

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publié.