Schroder

Schroder

Oui vous avez compris encore une chronique double et vous conviendrez j’espère que cela ne relève en rien de ma volonté mais plutôt des politiques éditoriales. Politique facile à comprendre et qui veut que l’on réédite en format poche un titre d’un auteur dont un niveau roman sort…

Comme d’habitude je me permettrai une petite remarque. Pourquoi ne pas avoir conservé la même traductrice pour les deux titres ? D’autant plus que la traduction de Schroder peut paraitre supérieure à celle de O my darling.

Commençons par Schroder. Non, je n’ai pas oublié le Umlaut, le tréma, qui en allemand indique une différence de prononciation… entre le O et le Ö. L’explication de l’absence de ce signe se trouve dans le roman. Vous avez compris : il s’agit d’un roman sur l’identité. Érik Schröder a émigré avec son père aux États-Unis où on leur a dit que la suppression du signe était une bonne chose. Alors que le père ne manifeste aucun signe particulier d’américanisme, le jeune Éric se cherche et semble sûr de lui. Ainsi pour accéder à un camp de vacances et obtenir la bourse correspondante il n’hésite pas – en 1984 âgé de 14 ans – à signer sa lettre de motivation du nom d’Éric Kennedy et à prétendre habiter dans une petite ville proche de la maison de la célèbre famille. Et comme il le soulignera de nombreuses fois il n’a jamais démenti lorsque on le « soupçonnait » d’être apparenté à la famille. Mais tout cela est dilué dans le corps du livre qui n’est en fait qu’une longue justification d’Éric destinée à sa femme. Éric s’est marié à une jeune femme catholique avec laquelle il a eu une fille : Meadow. Puis ils se sont séparés et il a eu de plus en plus de mal à conserver le droit de voir sa fille. C’est sans doute pourquoi il a proposé à la fillette lors de sa dernière venue de partir faire une virée… Avec en tête l’idée de passer au Canada. La quatrième de couverture nous dit que ce roman « offre une brillante méditation sur l’amour et la paternité, les lois du mensonge et l’invention de soi. », on pourrait ajouter sur l’Amérique profonde, ses règles de divorce et le mensonge de l’intégration sociale… Un roman fort et prenant dont le « récitant » est sympathique… A lire de préférence d’une traite.

Pour O my darling, il me semble que l’auteure, sans avoir émoussé son esprit critique, a moins laissé la bride sur le cou à son imagination mais peut-être est-ce à cause du thème. La couverture, en vous donnant à voir une petite maison habitée (de la fumée s’échappe de la cheminée), ne peut vous offrir qu’une très vague idée du contenu. Charlotte, dont le mari dit qu’elle manque d’imagination, et Clark son époux, dont la mère vient de mourir, emménagent dans une maison de la banlieue de Boston. Clark a été élevé par une mère débordant d’imagination et raconteuse d’histoires fabuleuses qu’à l’occasion il raconte à son tour. Au cours de la « party » organisée pour les intégrer au quartier, Charlotte apprend que tous les occupants précédents de leur maison l’ont quittée brutalement et sont partis sans laisser d’adresse. Et progressivement l’esprit de Clark bascule par le biais d’une maison « hostile ». Les amateurs de fantastique insidieux seront réjouis. C’est remarquablement écrit, même si les effets de répétition n’ont pas en français la même force ou élégance qu’en anglais. Et les amateurs de cinéma qui se souviennent de « Blue velvet » auront l’impression de se retrouver dans du David Lynch… Mais oui ce genre de film où les personnages se cherchent parce que leur identité sociale pèse sur leur conscience d’eux-mêmes. Peut-être n’ont-ils qu’une alternative : se mentir ou mentir aux autres…

Comme chez Amity Gaige il me semble que l’écriture est loin d’être une activité innocente et qu’elle joue subtilement avec tout ce qui peut faire sens, je me suis demandé si le choix du prénom du mari de Charlotte ne faisait pas référence à un journaliste de fiction fort célèbre aux USA dont la vie est pour le moins double…

Bonnes lectures.

Schroder
Auteure : Amity Gaige
Editeur : 10-18

O my Darling
Auteure : Amity Gaige
Editeur : Belfond

www.10-18.fr

www.belfond.fr

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