« Mettez-vous à nu ! »
Cri du cœur de la femme au chignon, au teint poudré de blanc, habillée en noir et aux lunettes opaques. Injonction à prendre au pied de la lettre ou simple ambiguïté du langage? La jeune femme, lumineuse en chemisier blanc et jupe saumon n’est plus sûre de rien. Se peut-il que cet entretien d’embauche soit un peu plus particulier que les autres?
Pourtant, tout semble à sa place ici: bureau design blanc, chaise grise moderne. Excepté la devise du temple de la pythie de Delphes écrite en latin au néon bleu sur le mur: connais-toi toi-même.
Au début pourtant, tout s’est enchaîné de façon logique ou presque.
La directrice pose ses questions, la candidate répond, récapitule son parcours professionnel.
Et voilà que l’insatisfaction monte. La directrice veut partir en exploration. Telle une psychanalyste, elle fouille, fouine, furète, titille sa candidate, dépassée par des questions de plus en plus incongrues.
« Mais qui êtes-vous vraiment !? » s’impatiente la directrice
C’est donc à la manière d’un tango que démarre le jeu. Le vrai. Celui qui déclenche toute une série de défis tous plus délirants les uns que les autres jusqu’à cet ordre « Mettez-vous à nu ! » Le point de départ du glissement de terrain ultime. C’est le croisement: se prendre au jeu ou prendre la tangeante?
L’équation est simple. La candidate abdique. Entre dans le jeu, dans la danse. Alors dissimulée par le dossier de la chaise, accroupie, elle se livre à un effeuillage en bonne et due forme sur la chanson de Cindy Lauper.
La jeune candidate, mal assurée au départ, joue son va-tout pour obtenir le poste coûte que coûte. Oui mais jusqu’où ira-t-elle dans la soumission, dans le jeu? D’ailleurs, le jeu ne prend-il pas une autre tournure à mesure que les scènes s’enchaînent?
Les comédiennes nous offrent un corps à corps réussi et crèvent la scène par leur jeu tantôt naturel tantôt déjanté. D’abord cocasse, souvent déconcertant, leur duo débute comme un tango. La sensualité, ténue mais persistante, se dégage de l’écriture de Côme de Bellescize pour mieux dessiner la relation de rapport de force et de soumission qui finira par s’installer entre les deux protagonistes.
Un délice de bonnes réparties, de scènes loufoques, surprenantes jusqu’à un bouquet final qui a dû en laisser plus d’un bouche-bée !

Texte et mise en scène: Côme de Bellescize
Jeu: Eléonore Jonquez et Fannie Outeiro

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publié.