Jusqu’à dimanche inclus sera jouée « Pièce à usage unique » au théâtre des Grottes. Après la Générale improvisée en 2021, l’équipe d’Impro Suisse Genève relève à nouveau le défi avec un spectacle entièrement régi selon les lois de l’improvisation. Un régal de justesse et de spontanéité !

C’est la Première et, ce mercredi 25 mai, les thématiques retenues sont la mémoire et le choeur. Nous découvrons en avant première une scénographie délicate proposée par Nina et Céline. Oui, nous la découvrons avant les comédiens eux-mêmes qui ignorent tout de ce qui les attend. Seule consigne préliminaire les concernant : être vêtus de façon décontractée.

Jouer sur scène est avant tout une histoire de rythme et les comédiens se montrent toujours aussi exigeants. Sans plus tarder, ils se familiarisent avec le décor qui s’offre à eux. Peu à peu, par petites touches, l’histoire se tisse, les relations entre personnages commencent à se dessiner et bientôt le tableau se met en place. Toujours avec une grande écoute, les comédiens bâtissent de concert une pièce truffée de détails savoureux qui tient la route. Partant de la date de l’obtention d’un diplôme et du jeu autour des photographies, totem omniprésent dans la pièce, le jeu s’amorce et bientôt nous entrons dans l’intrigue.

Cette dernière donne lieu à une galerie de personnages attachants et de situations pour le moins rocambolesques : colocation entre personnages déjantés aux raisonnements farfelus ou aux prénoms interchangeables, un conducteur CFF confondant les journées entre elles et finissant par oublier où il vit, une idylle naissante, touchante de maladresse et de drôlerie, des rapports père-fils pas simples. Sur ce dernier point, Maxime Dufresne et Eric Lecoultre présentent un jeu tout en délicatesse en s’attardant sur les nuances. Maxime interprète le rôle d’un père à la mémoire défaillante d’une manière très juste et émouvante tandis qu’Eric joue parfaitement le malaise et la perplexité.

C’est d’ailleurs un des points fort du spectacle. Alors que l’on aurait pu s’attendre à une comédie légère sur les souvenirs, des passages plus poignants sur la perte ineluctable de la mémoire donnent une note plus grave et bienvenue à l’ensemble. Qui sommes-nous lorsque notre mémoire s’effrite ? Que devient le regard de l’autre quand les souvenirs se confondent ? Autant de questions qui ne sont pas prononcées et que nous en entendons pourtant résonner.

Ce trouble, ce dysfonctionnement est même astucieusement imagé par Léon Boesch et Pauline Maitre tenant une corde et retirant petit à petit des souvenirs, matérialisés ici par des pinces à linge. En matière d’idées, les comédiens ne sont pas en reste comme on le voit avec l’usage des loop faisant résonner les voix ou encore les bruitages pour varier les ambiances. Voici donc un nouveau spectacle réussi tant par le jeu de la troupe que par leur fraîcheur et les idées qui y sont développées. Réservez dès maintenant, il ne reste que quelques soirs !

Plus d’informations sur :

Impro Suisse Genève

Jeu : Paul Berrocal, Léon Boesch, Maxime Dufresne, Malik Kaufmann, Eric Lecoultre, Pauline Maitre et Coralie Vollichard
Scénogrphie : Nina Cachelin

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