Meurtriers sans visage (3)

Meurtriers sans visage (3)

Merci de ne pas voir dans ce rapprochement de deux titres d’un même auteur un effet de paresse. Ce n’est pas par facilité que je les associe, c’est simplement qu’il s’agit de la première et de la dernière enquête du commissaire Wallander.

Une bonne vingtaine d’années les sépare dans le temps du commissaire (un peu moins dans le temps de l’auteur). Sur le plan du personnage entre son “arrestation” en état d’ivresse par ses collègues dans les “Meurtriers sans visage” et l’oubli de son arme de service sur la banquette d’un restaurant dans “ L’homme inquiet” il y a un réel vieillissement. Wallander est condamné par Mankell. Mais il sera difficilement oubliable par le lecteur. Ceux qui suivent le commissaire savent bien pourquoi.

De l’histoire de meurtres du couple de petits vieux paysans pour des histoires d’argent et qui dégénère en histoire où le racisme s’installe à l’enquête sur la disparition d’un militaire de haut rang et de son épouse aux relents d’espionnage contemporain ce qui intéresse le lecteur c’est, je crois, le personnage du commissaire. Dans la première enquête on nous le rend sympathique en en faisant un divorcé récent (c’est elle, Mona, qui est partie pour vivre sa vie loin des exigences du métier de flic) et à la fin, il est toujours sympathique, il cultive un peu l’art d’être grand-père avec Klara la fille de Linda.

Ainsi nous suivons les enquêtes mais au gré des états d’âme de l’homme qui les mène. Ses réflexions sont menées par le cours de la vie (sa solitude, ses rapports avec les collègues, ses rares amis) et les résultats des investigations menées par les autres policiers. Voilà au moins une des raisons pour lesquelles il se distingue : il est proche de nous. Autre caractéristique il sait qu’il doit d’abord chercher ce qui cloche dans une scène de crime, ce qui n’est pas conforme… ce n’est pas un super génie ou un super futé comme Colombo. C’est un homme, un humain qui prend des PV et peut être amoureux…

On se laisse facilement porter, emporter par les histoires parce que l’on veut savoir comment Wallander se tire du mauvais pas où il s’est mis, plus peut-être que savoir qui a tué.

Il me semble qu’une petite anecdote de “L’homme inquiet” rend bien compte du personnage. Je vous la livre : “J’ai entendu un jour un Amérindien de la nation des Kiowas évoquer une tradition ancienne. Si tu as un problème, tu caches une pierre, lourde de préférence, dans tes vêtements et tu la traînes jusqu’à l’avoir résolu. Alors tu peux t’en débarrasser et reprendre ta vie plus léger qu’avant.”

Bonnes lectures.

Meurtriers sans visage & L’homme inquiet
Henning Mankell
Point 2 & Points

www.lecerclepoints.com
www.editionspoint2.com

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