Même si certains d’entre vous auront d’emblée reconnu L’île des morts, le célèbre tableau de Böcklin sous l’habillage de l’illustration en couverture signée Éric Barge, il me semble que le signaler aurait été une bonne chose.
La lecture de ce livre court (233 pages) m’a fait regretter de ne pas avoir lu les précédents de l’autrice. Pourquoi ? D’une part, parce que la manière de raconter, la construction du récit tranche avec le ton du moment, d’autre part, parce que l’autrice me semble mêler en finesse une histoire criminelle et les récentes trouvailles en matière d’enquête. C’est en même temps didactique et prenant, ce qui pour mon goût renforce l’envie et le plaisir de lire.
Delphine, 22 ans, étudiante, s’affranchit de son éducation bourgeoise rigide en fréquentant les boîtes de nuit, les hommes et les femmes. Elle vient de quitter Maelys, sa dernière maîtresse, sous le prétexte qu’elle ne peut donner l’amour que celle-ci mérite. Et elle se retrouve enchaînée à un radiateur dans une maison abandonnée. La même Maelys sera elle aussi enfermée dans cette maison puis assistera à la défiguration qu’un homme en noir cagoulé infligera à Delphine. C’est Maelys qui fera découvrir le corps sans vie de Delphine.
Le tout est raconté après un prologue présenté par une psy qui s’interroge sur une question précise : jusqu’où peut-on enfouir ses souvenirs pour éviter de se confronter à eux ? On retiendra l’art de l’autrice qui parvient à s’effacer derrière des personnages riches et denses tout en organisant à merveille ce qu’elle raconte en laissant transparaître je crois une partie de son plaisir à écrire. Et on notera la présence dans l’histoire d’un autre peintre, Füssli, lui aussi auteur d’un tableau célèbre, avec femme endormie et singe…
A lire de préférence le matin et pourquoi pas dans les transports en commun, vous ne risquez rien à dynamiser votre esprit en allant travailler…
Bonne lecture.
L’île des souvenirs
Auteure : Chrystel Duchamp
Editeur : Archipel
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