Créatif, déjanté, débordant d’une énergie sans limite, le Stand’Impro nous entraîne dans un délire du domaine de l’improbable et on en redemande ! Gros plan sur cette soirée hallucinante.
Ce soir, mercredi 27 octobre, le Chat noir est bondé. Preuve que le divertissement a manqué et que l’ambiance promet d’être dingue. Pour les artistes, on imagine à quel point l’excitation mais aussi le tract grimpe d’un cran. Animateur de ce spectacle Andreas Vantouras, président et fondateur de Stand’Impro, présente les comédiens sur le point de nous faire décoller : Yves-Noël Denis, Romain Barail, Vanessa Risterucci et Cécile Bellet.
Comme le veut la tradition de l’impro, les spectateurs lancent des idées de thèmes, de personnages, de lieu et le jeu est lancé. Si les idées paraissent simples au départ, nos joyeux lurons à l’esprit loufoque construisent des histoires au vol pour en faire des scénarios totalement délirants et toujours bien amenés. On a à faire à des amants prisonniers dans un EMS, une journée foireuse passée dans une station de ski avec d’authentiques casse-pied pour notre plus grand éclat de rire. Je salue au passage l’aisance naturelle d’Yves-Noël pour qui ce fut la première scène ce soir.
Certains seraient peut-être tentés de penser qu’il s’agit là d’une impro théâtre comme on voit mille dans Genève et ailleurs. Eh bien, détrompez-vous, il n’en est rien. Si l’on est familier des règles d’impro et des duels, le Stand’Impro propose des variantes intéressantes que l’on a peu souvent l’occasion de rencontrer.
La preuve en image avec la fusillade musicale. Un concept au nom prometteur que, pour ma part, je ne connaissais pas. Le principe est de mimer une action en rythme avec la musique balancée par le DJ. Vous l’aurez compris, cela donne un cocktail d’images absolument folles. On a pu admirer la rapidité avec laquelle Cécile pédale sur une mélodie orientale, la précision du mime de Romain en train de laver les carreaux, le naturel cinématographique de Vanessa occupée à faire le plein de sa voiture ou encore la fantaisie que met Yves-Noël à se laver les mains. Un exercice axé sur les intentions et le mime qui permet de varier, d’explorer et d’élargir les autres voies du jeu.
On enchaîne avec la valse à trois temps. Qu’est-ce que c’est ? A partir d’une situation présente (en l’occurrence, deux voisins qui se côtoient depuis trop longtemps) on revient en arrière très vite et on se projette dans le futur tout aussi rapidement. Un exercice pas simple mais Vanessa et Romain s’en tire mieux que bien en gardant le sens du rythme et de la répartie. Inutile de dire que le public valide à 100% et n’en perd pas une miette !
Un vrai changement tout à coup. Andreas nous enjoint non pas de suggérer de nouvelles idées saugrenues mais de… fermer les yeux ! Pour moi, c’est le coup de coeur de la soirée. Une impro strictement auditive, c’est une première qui met non seulement en exergue les talents des artistes mais ouvre de nouvelles possibilités de perception pour l’auditoire. Sur la proposition d’un titre de livre le pays des autres, les artistes forgent leur impro. Une famille quitte Oran pour se retrouver à Marseille: cigales, bruits des mouettes, du port, accents ensoleillés, cris de toutes sortes, dialogues comiques…l’imagination s’emballe, le décor est vite planté et on s’y croirait ! Une totale réussite pour cette prestation entièrement auditive.
Le spectacle se poursuit avec pour consigne, cette fois-ci, de garder un même objet, ici le porte-plume, tout au long de micro-scènes proposées. Le duo Vanessa et Cécile fonctionne extrêmement bien; avec une complicité palpable et surtout une exellente écoute, composante essentielle de toute impro réussie.
Passons au « duplex ». La règle ? Imaginons deux salles adjacentes, ici une morgue et un bloc opératoire et deux comédiens qui jouent le même rôle que les deux autres. Ce soir, nous avons droit à une assistante médicale très étourdie et un chirurgien au tempérament explosif. Vivacité de mouvements, de changements de situations et réparties sont au rendez-vous pour cet exercice où il est facile de se prendre les pieds dans le tapis.
Le rire est encore à venir avec cette impro où Yves-Noël ignore le cadeau qu’il a choisi d’offrir à soeur, interpretée par Cécile ,qui, elle sait qu’il s’agit d’un doudou, élément suggéré par le public. L’ambiguïté des répliques est à mourir de rire ! Un super numéro d’impro qu’on rêverait de décliner à l’infini. On peut encore citer en vrac d’autres belles trouvailles comme un impro epistolaire entre belle-mère et gendre qui part en vrille, un débat télévisé très houleux portant sur le piercing et enfin le déjà vu sauce western puis film d’horreur sur le thème d’une journée pourrie se déroulant dans un PMU… Franchement, que demander de plus complet, de plus désopilant, de plus surprenant et de plus varié ? Rien car tout est dans ce spectacle ! Courez-y !
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