Une illustration de couverture insipide qui risque d’écarter l’éventuel lecteur et ce serait dommage car il est question, pour moi, d’une véritable tragédie familiale à l’antique et racontée sur un ton pince-sans-rire qui montre d’abord le plaisir de l’auteur à raconter et ensuite la bourgeoisie très british des années 80.
Carol et William Drever sont mariés depuis plus de vingt ans. Carol n’est pas aimée de sa belle-famille (Bill et Mary), elle a donné deux enfants Anne et Robert, et est la cadette de Liz sa sœur qui vit avec eux. William qui a une sœur, Barbara, était comptable mais il a plaidé coupable des trois meurtres de prostituées dont on l’accuse. Il les a éventrées du sternum au pubis. Et il a détourné des fonds de son entreprise ce qui laisse sa famille sans le sou. Il est jugé coupable et condamné. Et l’auteur nous livre en finesse les réactions des uns et des autres. C’est subtil et vivement critique. Barbara qui travaille dans la communication à Londres arrive alors que Carol a tenté de se tailler les veines. Liz gère et trouve séduisant le médecin qui soigne sa sœur. La situation fait ressortir les non-dits qui éclatent. Et soudain une certaine Ruth Linley intervient et raconte la vérité à Liz…
Il va de soi que je ne peux rien vous en dire, mais je vais ajouter une information : William a commis un péché de jeunesse. Si j’ai parlé de tragédie à l’antique vous vous demandez où se trouve le destin funeste qui préside aux vies des protagonistes… Il est à mon sens dans le déterminisme social, on n’échappe pas à son éducation, son milieu, sa famille à moins d’en devenir un paria – comme Barbara. Mais il arrive que d’autres – extérieurs à votre monde et décalés – vous évitent de subir cette consanguinité sociale (Robert, s’en tire fort bien). Une citation ? Ne dites pas non. C’est Bill qui pense : « Marrant. Ces foutues bonnes femmes… Une drôle de race. Toutes. Même Mary. Jamais capable de comprendre. Près d’un demi-siècle qu’ils étaient mari et femme, et elle avait encore des idées idiotes. »
A lire d’une traite ou par à-coups dans les transports en commun.
Bonne lecture.
Les trois meurtres de William Drever
Auteur : John Wainwright
Editeur : 10/18
Laisser un commentaire