Il s’agit d’une remarquable – pour mon goût – adaptation du roman de Vercors. Un roman qui à mes yeux mérite autant d’égard que celui que l’Histoire impose régulièrement à l’étude – Le silence de la mer. Commencez par bien regarder la couverture, la bande annonce y est subtile. Une adaptation réalisée par la petite-fille de l’écrivain.
L’histoire commence en 1947, en Nouvelle-Guinée, sur un site de fouilles archéologiques où une mâchoire inférieure avec trois molaires a été découverte. En Angleterre, pendant ce temps, Frances et Douglas – tous deux échaudés en matière amoureuse – journalistes, font connaissance. Doug accompagnera l’expédition chargée d’explorer les lieux en Nouvelle-Guinée. Les paléontologues y ont découvert des individus mi-singes mi-hommes que Doug a baptisé Manus. Ses comptes-rendus passionnent mais aussi réveillent les instincts de prédateur d’un Van quelque chose qui désire réduire les Manus en esclavage. Ils peuvent travailler comme des hommes mais, comme ce sont des animaux, aucune raison de les payer. Et Doug va trouver la solution. Et d’abord il épouse Frances…
A vous de lire la suite et les divers arguments exposés pour ou contre l’humanité des Manus et d’apprécier la trouvaille de Doug. Le tout est remarquablement servi par un dessin glissé dans des cases ouvertes (pas de traits noirs pour les fermer) et sensiblement de même dimension quel que soit ce qu’elles montrent – mention spéciale pour moi à la page 65 avec la dernière de la ligne supérieure. Et j’ajouterai un plaisir des yeux quant, au détour d’une case, vous croyez reconnaître un visage de jeune femme comme le grand Wolinski pouvait les dessiner – une brune page 115, une blonde page 84.
Vous connaissez quelqu’un qui entre en cours de philo ou quelqu’un qui, malgré son âge, continue de se désoler de l’espèce humaine ? Offrez-leur cette bande dessinée… Il m’étonnerait qu’ils/elles n’apprécient pas.
Bonne lecture lente mais soutenue.
Les animaux dénaturés
Scénario : Hélène Bruller
Dessins : Joseph Falzon
Editeur : Albin Michel
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