J’aime bien l’illustration de couverture et je regrette d’avoir dû chercher les informations nécessaires à propos de la postface. Celle-ci figurait dans la vieille édition (1972) de Les Univers de Robert Sheckley des éditions Opta et parle surtout avec quelques jugements à l’emporte-pièce de nouvelles qui ne figurent pas dans ce recueil. Mais ne boudons pas notre plaisir de retrouver celui que j’ai envie d’appeler l’oncle Sheckley. Celui qui met les pieds dans le plat pendant que la famille se réjouit des épousailles ou de la naissance. Celui qui est le seul à remarquer ce qui grince et choque dans ces sacrosaintes réunions de famille. Celui qui met une touche de gris ou de noir dans le rose ou le bleu de ce que nous regardons.
Le recueil s’ouvre sur Gérard Lanvin poursuivi par les tueurs et la voix de Michel Piccoli – s’en donnant à cœur joie dans une imitation qui fit grincer l’imité – en présentateur TV*. Le prix du danger, des milliers de dollars pour Jim Raeder s’il est toujours vivant après seize heures de courses poursuite-spectacle… et Sheckley démonte les mécanismes qui ont conduit à ce héros et à ce genre d’émission. Lisez la chute avec attention. Sheckley est de ces auteurs que je dirais insidieux, de ceux qui vous contraignent non à prendre fait et cause pour un personnage mais à vous demander ce que vous auriez fait à la place du personnage principal. Et même ce que vous faites là à le lire ‘bêtement’… ou en riant de même. J’ai cherché à quoi ou à qui rapprocher ces textes… Excepté Charlie Chaplin-Charlot je n’ai rien trouvé qui me satisfasse vraiment. Je me suis souvenu d’une séquence du Kid – si ma mémoire est bonne – dans laquelle Charlot libéré voit passer un camion de manifestants d’où tombe un drapeau rouge accroché à un manche, il le ramasse et l’agite pour signaler sa chute et se fait arrêter comme manifestant. Lisez toutes les chutes des nouvelles proposées ici avec beaucoup d’attention comme celle d’Un billet pour Tranaï par exemple qui comme pour Permis de maraude propose de réfléchir à l’Utopie… Conseil de lecture : piochez au hasard et savourez… Tous les textes ont la même qualité, la même densité. Et n’oubliez pas de noter leur date de parution…
NB : Il existe une version ‘roman’ à partir de la nouvelle Le temps des retrouvailles, c’est Le mariage alchimique d’Alistair Crompton chez Pocket.
*Le prix du danger, film d’Yves Boisset.
Le temps des retrouvailles
Auteur : Robert Sheckley
Editeur : Argyll
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