Vous arrive-t-il encore d’être ému d’avoir compris et aimé quelque chose que vous veniez de découvrir… ? Ce qui me fait poser cette question c’est dans ce roman la description de l’attitude de Jeanne devant ce qu’elle apprend… : ‘Mon ignorance me donne l’impression d’être nue’… La couverture est réussie. Le livre aussi, peut-être parce qu’il est dépourvu de mélodrame.
Jeanne est une jeune fille qui, vers 1860 en Corrèze, placée dans une ferme par sa belle-mère, échappe à son prédateur-violeur d’employeur et erre sur les chemins… Elle ne sait pas lire mais elle est vaillante, elle met du cœur à l’ouvrage… et est séduite par les deux lettres rondes qu’elle découvre sur une intrigante roulotte où s’enferme un homme pour agiter des récipients comme s’il faisait la vaisselle. Elle quitte une aubergiste aimable pour suivre le photographe qui lui a trouvé un joli sourire. Elle le rattrape et le sauve même des coups de deux hommes qui l’ont attaqué. Ils vont s’apprivoiser et Jeanne apprendre le métier. Elle y réussira au point de savoir et pouvoir prendre la succession de son maître et ami. Nous, lecteurs, pouvons mesurer l’importance de l’ignorance pour les gens humbles à travers le comportement de Jeanne. Et par la même occasion comprendre pourquoi dans les premiers syndiqués, organisés on trouve ceux qui savent lire et lisent. L’humilité de Jeanne la laisse observatrice silencieuse, attentive à ce qu’elle ne connaît pas, curieuse… Elle apprendra à lire, la vie, les hommes, séduira les gens et exaucera la promesse qu’elle s’était faite. En fait elle constitue un personnage attachant dont on aimerait savoir ce qu’il va devenir, comment l’époque va le faire évoluer. Comment sa petite histoire s’insère dans la grande. Y aura-t-il une suite ?
Bonne lecture.
Le regard de Jeanne
Auteur : Jean-Guy Soumy
Editeur : Presses de la cité
Collection : Terres de France
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