Le plus grand philosophe de France

Le plus grand philosophe de France

Si vous êtes amateur de BD je suppose que vous avez apprécié « Le chat du Rabbin » à sa juste valeur. J’ai pour ma part un faible pour « Le minuscule mousquetaire » et « Socrate, le demi-chien ». Si vous êtes cinéphile je suppose que « Gainsbourg, vie héroïque » vous a touché et plu… Et j’espère que passionnés par ce créateur vous avez adoré son précédent roman (« L’éternel » même éditeur). Là si vous avez jeté un œil à la quatrième de couverture, vous avez peut-être été surpris de constater qu’il n’y a pas d’humoriste francophone et que pour vous vanter l’humour d’un livre on fasse référence aux anglo-saxons qui comme chacun le sait écrivent directement en français. Où sont donc passés : Alphonse Allais, Tristan Bernard, Camu, Dac, Desproges, Topor et les autres à commencer par Voltaire ou Rabelais ?

L’ouvrage fait référence à Voltaire et à ce cher Candide pour qui le plus grand philosophe était Pangloss et dont on connaît les déboires et la fin comme jardinier. Ce roman est composé comme celui de Voltaire de plus ou moins courts chapitres qui font avancer les personnages et les lecteurs dans la connaissance du monde. Je ne saurais trop inciter les enseignants à y puiser les emprunts à Voltaire pour traiter Candide. Le héros voltairien est ici baptisé Pietr – vous êtes libre de prononcer « piètre » – Cohen et philosophiquement défenseur de Spinoza – on se souviendra que Voltaire avait une dent contre Leibniz. Mais Pietr n’est pas seul à porter les couleurs de Joann Sfar, à ses côtés on trouve Éponyme de l’Implication, née Tampononouzen, Alarmé de l’Implication, leur bonne Nitchonne, leur fille Chaussette – les amateurs de BD se souviendront de Charlie Schlingo et sa « Josette de rechange » – et la chienne Fragonarde qui parle… et bien sûr du philosophe Spinoza qui se permet de dialoguer avec Dieu. Il y a d’autres personnages Courtemèche, Pinoqillio, Zeb, etc. et je vous laisse découvrir quelles idées ils cachent ou apportent, n’hésitez pas si besoin est à faire appel à vos moteurs favoris.

Et Sfar réussit son coup. Il parvient à nous faire rire et sourire tout en nous donnant sans l’énoncer directement une leçon de morale. Je vous rappelle incidemment que le sous-titre de Candide est « ou l’optimisme ».

A ne pas manquer et à siroter tranquillement.

Le plus grand philosophe de France
Auteur : Joann Sfar
Editeur : Albin Michel

www.albin-michel.fr

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