Étrangement, j’ai l’impression que c’est le format du dessin en couverture qui donne de la force à ce dessin en noir et blanc d’une petite maison sans grâce ni caractère. Et je pense que l’ensemble rend bien le contenu.

Imaginez un écrivain citadin qui au sortir de l’hiver décide d’aller jouer les solitaires à deux mille mètres d’altitude. Attention ! Ce livre se goûte avec lenteur comme on sirote un alcool en laissant à chaque gorgée le temps de faire son effet. Je veux dire que vous risquez de trouver bien lente l’évolution de celui qui raconte. En fait, le récit épouse cette lenteur. Au fur et à mesure que l’homme (re)découvre la nature qui l’environne, les bêtes qui y vivent, y paissent et ceux qui les gardent, qu’il prend conscience de ses limites physiques et éprouve sa sociabilité (la petite phrase en quatrième de couverture en dit beaucoup), il se purge de son moi citadin. Attention ! Il me semble que ce livre n’est pas écrit comme ceux que l’on peut avoir l’habitude de lire sur cette question. Ainsi alors que je crois nous percevons d’abord les odeurs, à la page 61, l’auteur signale en fin de description l’odeur qui le chasse du lieu qu’il vient de décrire. En fait c’est lui qui parle de ce qu’il vit et non ce qu’il perçoit qui parle à travers lui. Et cela explique l’usage qu’il fait de citations de Primo Levi, Antonia Pozzi et H. Thoreau tantôt en introduction tantôt en conclusion de ce qu’il dit. Ces citations ne sont pas des ‘justificatifs’, ce sont plutôt, à mon sens, des reconnaissances. Comme si l’auteur revendiquait avec elles une appartenance à une sorte de communauté. Je vous recommande de prendre le temps de relire hors contexte les très beaux extraits de poèmes d’Antonia Pozzi qui, il me semble, ‘vibrent’ d’une façon singulière. Je viens de relire ce qui précède parce que j’ai cru avoir utilisé plus de deux fois l’expression : ‘il me semble’. Cela vient sans doute de ce qu’il est question ici d’un livre sur une sorte d’appropriation de la nature par les sensations qu’elle provoque… Et bien sûr on ne perçoit pas tous et tout de la même façon.

Bonne évasion matinale dans les transports en commun.

Le garçon sauvage
Auteur : Paolo Cognetti
Editeur : Zoé
Collection : Poche

www.editionszoe.ch

Le garçon sauvage
5.0Note Finale

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