La chasse au spectre
Je commencerai par souligner la qualité de l’illustration de couverture qui n’est pas sans rappeler les bois d’un célèbre graveur, je parle bien sûr de Vallotton.
Tout se passe dans un train baptisé « Ferrovia ». Vous pouvez le parcourir par l’intérieur ou par l’extérieur et vous y trouvez ce qu’il vous faut. Au moins deux journaux et un théâtre. Et puis un spectre vient y commettre des abominations et le journaliste Zéphirin Lux (pour luxe ou pour Lumière ?) plus porté sur l’oral (le dictaphone) que sur l’écrit enquête et se démène pour comprendre. Et sa quête comme ses conquêtes ont le mérite de nous faire découvrir le petit monde du train. Pour ce monde je n’ai trouvé qu’un seul qualificatif : surréaliste et c’est un autre peintre que j’aurais bien vu l’illustrer : René Magritte. Car c’est un monde décalé, démarqué du réel avec une finesse certaine (ce qui est détourné ne saute pas toujours aux yeux). On sent bien qu’Alain Dartevelle se fait avant tout plaisir – pour moi il parvient aussi à faire plaisir au lecteur. Si par exemple il lui vient à l’idée de parler de quelques auteurs il ne fait pas dans la facilité – pour mémoire Meyrinc, Mirbeau, Héléna, un certain G.L. pour le Fauteuil hanté et le Fantôme de l’opéra, le docteur Bram Stocker et la défunte revue Phantomas. C’est dire s’il nous met en bonne compagnie. Et si par hasard ces noms ne vous disent rien, ce n’est pas grave, soit vous les oubliez, soit vous vous renseignez. Leur incidence dans l’histoire est purement anecdotique. Il vous reste à découvrir le styliste qu’est cet auteur quand il se donne la peine. Exemple : « Chœur de serveuses, fanfare de gros mots, symphonie de vaisselle brisée ou heurtée. »
Conseils de lecture : entrer dans le roman sans chercher à comprendre, se laisser porter par le style, lire d’une traite si possible et laisser reposer pour voir quelles images reviennent en mémoire.
La chasse au spectre
Auteur : Alain Dartevelle
Editeur : L’Âge d’Homme
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