L'amant de la Chine du Nord

L’amant de la Chine du Nord

Je ne sais qui décide de confier la lecture des livres à tel comédien plutôt qu’à tel autre, mais je constate deux choses dignes de satisfaire notre exigence d’auditeur et de lecteur. La première est qu’à interprétations différentes la lecture est toujours appliquée et prenante. La seconde, pour ce titre au moins, est l’adéquation entre le lecteur et le livre.

La voix acidulée d’Ariane Ascaride convient parfaitement à faire entendre la voix singulière de Marguerite Duras (je n’imagine que la voix de Marianne Oswald pour peut-être faire mieux). Vous le savez Duras fut aussi réalisatrice et à la fin de « L’amant de la Chine du Nord » elle propose des « plans de coupe » à glisser à l’intérieur d’un film qui serait tiré du récit (un plan de coupe est un plan qui n’a pas d’incidence directe sur le film qui l’abrite, mais on peut dire qu’il participe à la création d’une ambiance). Ici dans la lecture de madame Ascaride vous remarquerez des silences, certains sont presque imperceptibles mais ils sont bien là et ils créent un temps de vision. Ils permettent de voir plus que ce que dit le texte. Bien sûr il s’agit aussi de respiration, un peu comme quand le joggeur s’arrête pour se reposer avant de repartir. Mais on peut aussi y trouver un plan de coupe qui inspire l’image que chaque lecteur se fabrique à l’écoute du texte.

Ainsi voix et respiration transcrivent l’érotisme du texte. Un érotisme à voir comme cette image de la bouche de l’héroïne contre la vitre de la voiture ou des doigts qui se mêlent. Un érotisme doux qui masque à peine la force des rapports. Peut-être d’autant plus forts que nés de deux civilisations différentes.

Faites-vous plaisir.

L’amant de la Chine du Nord
Auteur : Marguerite Duras
Lecteur : Ariane Ascaride
Editeur : Gallimard

www.gallimard.fr

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publié.