Avec Les Chroniques du Sceau, exclusivité Switch 2 sortie ce mois de novembre 2025, l’ambition est plus grande que jamais : raconter la mythique Guerre du Sceau, événement fondateur du lore Zelda, et inscrire ce récit dans la continuité canonique. Souvent évoquée mais jamais montrée dans les opus principaux, le passé d’Hyrule prend enfin forme. Ce n’est pas un simple défouloir dans l’univers de Zelda, mais une pièce maîtresse de l’histoire officielle. Est-ce que cela vaut le détour ?

La saga The Legend of Zelda est l’une des plus emblématiques de l’histoire du jeu vidéo. Depuis 1986, sur NES, elle façonne l’imaginaire des joueurs Nintendo à travers ses univers riches, ses personnages marquants, ses mondes ouverts, ses donjons ingénieux et ses récits mêlant héroïsme et mythologie. Avec Breath of the Wild et Tears of the Kingdom, deux immenses best-sellers de la Switch, la légende s’est encore amplifiée. Cependant, certains arcs narratifs du passé, seulement évoqués, demeurent en suspens et méritent d’être pleinement racontés.

Raconté par fragments énigmatiques à travers les visions de Link, le récit de Tears of the Kingdom se concentre davantage sur l’époque présente que sur les origines. La curiosité des fans pour comprendre ce qui s’est réellement déroulé dans les âges anciens n’a cessé de grandir. Souvent évoqué mais jamais montré dans les opus principaux, le passé d’Hyrule prend enfin forme.

C’est là qu’intervient la série Hyrule Warriors. Fruit de la collaboration entre Nintendo et Koei Tecmo, elle offre aux joueurs le privilège d’explorer plus en profondeur les événements du passé, dévoilant les batailles et les histoires qui ont façonné la légende d’Hyrule.

Depuis 2014, Nintendo a ouvert une voie parallèle avec une série de spin-offs développée par Koei Tecmo : Hyrule Warriors, Zelda musō au Japon. Ces jeux musō, hérités de Dynasty Warriors, reposent sur un principe simple : affronter des armées entières dans des batailles titanesques. Si Hyrule Warriors : L’Ère du Fléau (le deuxième jeu de la série Hyrule Warriors) proposait une préquelle alternative (avec quelques libertés de narration) relatant les événements passé 100 ans avant Breath of the Wild, Les Chroniques du Sceau, le troisième opus de la série, se concentre sur les événements racontés dans Tears of the Kingdom (la suite de Breath of the Wild) qui se passent bien avant. On ne sait pas exactement quand, mais très, très loin dans le passé. Plusieurs siècles et même plusieurs millénaires, Nintendo n’est pas très précis sur le sujet.
L’action se déroulerait donc sans doute plusieurs millénaires avant Breath of the Wild et Tears of the Kingdom. Sans trop spoiler Tears of the Kingdom, on sait que Link et Zelda sont séparés en début d’aventure. Zelda est envoyée loin dans le passé à l’époque du tout premier roi d’Hyrule, le Soneau du nom de Rauru. Il gouverne en harmonie avec sa femme Sonia. Mais Ganondorf, le roi des Gerudo va mettre un terme à ce monde paisible et pacifique. Avide de pouvoir et de domination, on découvre comment le vil Ganondorf a orchestré sournoisement son auto-couronnement afin de devenir le roi des démons. Cette histoire raconte comment le roi Rauru, sa reine Sonia, dame Zelda et les Sages ont affronté Ganondorf, incarnation du mal. Cette guerre du Sceau, évoquée mais jamais montrée dans les jeux principaux, est enfin mise en scène. On assiste à la montée en puissance de Ganondorf, à la formation des alliances des différentes régions d’Hyrule et au combat final qui aboutit à son emprisonnement sous le château d’Hyrule.
La narration est au cœur de ce Hyrule Warriors. Jamais un jeu Zelda n’a mis autant d’importance dans sa narration et sa mise en scène. Les cinématiques sont très nombreuses et spectaculaires. La mise en scène est soignée avec des scènes dynamiques très réussie et un jeu d’acteur remarquable. C’est assez fou pour un Zelda. Elles alternent entre grandeur épique et moments plus intimes, donnant une profondeur rare pour un musō et pour un Zelda. Mis bout à bout, c’est presque un petit film d’animation. Le doublage francophone est excellent avec l’illustre Adeline Chetail (Zelda) qui interprète aussi Ellie dans The Last of Us et Jinx dans Arcane. On a aussi l’incontournable Bernard Lanneau (Rauru) qui prête aussi sa voix à Kevin Costner et Alec Baldwin. Et le reste du casting est vraiment top, spécialement Calamo le Korogu, l’élément comique du jeu.
Et, contrairement aux précédents spin-offs, ce récit-là est désormais considéré comme officiel. C’est le gros point fort du jeu. Nintendo a confirmé que Les Chroniques du Sceau fait partie intégrante de la chronologie. Cela change tout : les événements vécus ici ne sont pas une variation ou une hypothèse, mais la véritable histoire. Pour les fans et ceux qui aiment en apprendre plus sur le lore, c’est vraiment intéressant et instructif. Après on n’est pas sur une œuvre shakespearienne. En plus, si on a fait Tears of the Kingdom, on sait déjà les grandes lignes, mais c’est sympa de voir le déroulement dans son intégralité et d’apprendre à connaitre mieux les personnages dont on fait mention dans les autres jeux. Ainsi que les contrôler pour la plupart.
Le principe du jeu, et des musō en général, est on-ne-peut plus simple : le ou les joueurs affrontent des hordes d’ennemis sur des cartes ouvertes. Oui, on peut jouer à deux au jeu via écran partagé ou via connexion (proximité ou C Chat). Les combos, attaques spéciales et pouvoirs magiques permettent de nettoyer des centaines d’adversaires en quelques secondes. La sensation de puissance est immédiate. C’est un défouloir pur et simple.
En vue à la 3ème personne, on incarne un héros. On est souvent accompagné d’autres héros dont on peut prendre le contrôle quand on veut et switcher d’un à l’autre. Le but est souvent le même atteindre un ou plusieurs points sur la carte et en prendre la possession en éliminant le chef de horde. Il y a la plupart du temps plusieurs étapes, mais globalement c’est ça. On se fraye un chemin au travers de dizaines d’ennemis lambda avant d’arriver aux plus gros et plus costauds. Alors cela peut sonner un peu répétitif, et c’est le cas. C’est le principe du jeu. Horde après horde, nos héros montent en niveau, deviennent plus forts, gagnent de nouvelles attaques, de nouveaux combos et pouvoirs pour être toujours plus impressionnants et puissants. On martèle les boutons sans cesse. Mais c’est un peu plus profond que cela. Les ennemis ont des points faibles, des boucliers de garde à percer. Les contres et esquives parfaites sont aussi des mécaniques centrales au gameplay. Des attaques lourdes marquées de rouge engagées doivent être contrée avec la bonne attaque. Mais le héros n’a pas toujours le bon contre dans son inventaire, ou il n’est pas dispo au moment de l’attaque dû au cooldown, et il faut switcher à un autre héros qui lui a peut-être ce qu’il faut.
Briser la garde permet d’actionner une attaque puissante et dévastatrice appelé coup de poing faible ainsi que le coup de grâce en fin de combat. Et comme en est dans Zelda Tears of the Kingdom quelque part, les devs ont intégré les objets soneau qui se combinent entre eux. On retrouve le lance flame, l’eau, le gêle, l’électricité, le vent, etc. et on peut ainsi combiner par exemple le feu avec un ventilateur pour créer une tornade de feu. Le jeu offre pas mal de combinaison à découvrir et expérimenter. Les attaques combinées sont aussi très importantes. En se battant au côté d’un autre héros, on augmente leurs barres liens. Une fois pleine et les deux héros à proximité, ils peuvent déclencher une attaque synchro spectaculaire. C’est aussi un petit plaisir du jeu que de découvrir les nombreuses attaques et combinaisons possibles. Le gameplay reste très simple, mais assez riche. Il offre beaucoup de possibilités et de variété pour optimiser ses héros.
Afin de couper un peu la répétitivité du jeu, les devs ont ajouté des missions shoot’em up à dos de golem volant. C’est sympa et effectivement, ça change un peu. Comme le reste ce n’est pas très profond, mais efficace. Les mécaniques de batterie, et objets soneau est utilisé de manière assez cohérente.

Il y a une vingtaine de héros jouables dans le jeu. Il y a évidemment Zelda qui se bat avec sa baguette de lumière façon Jedi, Le roi Rauru et sa lance royale, Mineru la magicienne qui invoque des objets soneau, puis on retrouve les héros d’antan de différentes races et factions. Les quatre personnages incarnent respectivement les éléments Feu, Eau, Vent et Foudre. Qia, sage lié au peuple des Zoras. Raphica, sage associé au peuple des Piafs. Agraston, sage représentant les Gorons. Et Ardi, sage issu des Gerudos. Viennent ensuite des personnages secondaires issue de ses quatre peuples. Mais il reste deux personnages principaux. Calamo, un Korogu courageux qui maitrise les éléments. Il ne faut pas se fier à sa petite taille. C’est un guerrier redoutable et courageux. Mais il est surtout accompagné du Golem mystérieux. Vous l’avez peut-être remarqué, il n’est fait mention nulpart de Link jusqu’à présent. C’est normal, il n’est pas là à cette époque. Lui il combat Ganondorf dans le présent. Et donc ce Golem Mystérieux, sans être Link, prend des traits physiques et se bat comme le héros du temps. Ce n’est pas Link, mais c’est tout comme. Les devs ont trouvé un moyen de l’intégrer au récit sans le mettre dedans. Et c’est assez bien fait. Il est classe. Il ne parle pas, comme Link, il grogne. Il se bat exactement comme lui avec les mêmes animations que dans Calamité. Et c’est quelque part un élément central de l’histoire et du jeu que l’on ne connaissait pas. C’est une belle surprise un peu inattendue.

Le jeu a un contenu assez colossal. Hyrule est divisé en de nombreuses zones contrôlées par les sbires de Ganondorf. C’est à nos héros d’en reprendre le contrôle et de ne pas en suite. Les missions principales sont nombreuses au nombre de 28 pour la quête principale et d’innombrables missions secondaires facultatives mais assez importantes afin de monter ses héros et récolté des coffres, des rubis et des ressources en tout genre pour là-encore faire progresser nos héros avec de nouvelles attaques, pouvoirs etc. Perso j’ai fait 24 heures pour terminer le jeu en faisant beaucoup de missions secondaires et upgredant mais héros principaux. Le jeu n’est pas très dur globalement une fois toutes les mécaniques comprises et le mapping des boutons assimilé. Je n’ai jamais perdu un combat ni même perdu un héros. Ça a toujours passé facilement, mais avec les boss. Les missions à temps limité sont très généreuses. On finit souvent la quête avec encore les trois quarts du temps. Il y aucun stress à avoir.
Artistiquement et techniquement parlant ce Hyrule Warriors : Les Chroniques du Sceau est très réussi. Déjà le jeu est fluide 99% du temps à 60 images par seconde. Ça c’est un énorme plus par rapport aux autres Hyrule Warriors. C’est fluide de bout en bout, avec quelques très rares ralentissement tout de même, pour régal manette en main. Ensuite, esthétiquement, on ne se rend peut-être pas compte, mais les devs de chez Koei Tecmo ont reproduit les décors de Tears of the kingdom à la perfection. On a vraiment l’impression d’y être. Que ce soit sur les terres d’Hyrule, dans les souterrains ou dans le ciel, les environnements sont fidèles à l’original. Pareil pour les nombreux ennemis et objets. Mais ce n’était pas gagné d’avance car avec un gameplay tellement différent, de nouvelles animations, des mécaniques spécifiques aux musō avec un moteur différent, les devs avaient un sacré challenge à relever. Et ils l’ont fait. L’atmosphère est là. La trame sonore aussi est assez fidèle à la franchise avec les thèmes remixés.
Hyrule Warriors : Les chroniques du sceau réussi son exercice et propose un jeu musō dans toute sa splendeur. Le gameplay est plaisant et efficace. C’est très répétitif, c’est le genre qui veut ça, mais la profondeur et les possibilités d’attaques offrent une expérience plaisante et défoulante. Mais le gros plus et ce qui démarque ce musō des autres Hyrule Warriors, c’est son histoire canonique. Elle enrichit la saga Zelda de la meilleure des manières avec de longues cinématiques de qualité. Zelda, elle-même est jouable, renforce son rôle dans la mythologie. Les dialogues explorent les dilemmes des Sages, les sacrifices nécessaires et la tragédie de Sonia. Ganondorf est très présent aussi et maléfique comme jamais. Il ne manque que Link, mais quelque part il est un peu là grâce au Golem mystérieux.

Au final, Hyrule Warriors : Les chroniques du sceau est un bon spin-off à la série. Ça se laisse jouer. Même si le gameplay n’est pas très profond. Il reste efficace. Le côté répétitif du jeu se fait aussi sentir après une quinzaine d’heures, on continue pour l’histoire et la mise en scène qui n’a jamais été aussi importante dans un jeu Zelda. Espérons que la qualité de l’écriture et des cinématiques se retrouveront dans les prochains jeux de la saga. Parfait pour se défouler un petit coup en fin de journée. Le contenu est présent avec énormément de missions et d’objectifs à faire, même en end game. Seul ou à deux, on s’amuse bien. Ce jeu s’adresse surtout aux fans de Zelda qui s’intéressent au lore de la saga. Voir et comprendre les enjeux et aboutissants de la guerre du sceau est intéressant surtout quand c’est bien fait et bien amené. Le gamplay musō, très différent des Zelda traditionnels, ne devrait pas être un frein. C’est répétitif, certes, mais bien sympa à jouer avec plus de profondeur qu’il puisse n’y parait. La nouvelle Switch 2 permet aussi de profiter enfin à un Hyrule Warriors en 60fps dans une haute résolution pour un jeu fluide et propre. C’est un jeu sympa qui fera plaisir aux fans en attendant un vrai nouveau Legend of Zelda traditionnel.

Les plus :
- Premier musō Zelda pleinement canonique
- Enfin un Hyrule Warriors fluide à 60fps
- Gameplay musō efficace :
- Combats dynamiques avec beaucoup d’attaques différentes
- Prise en main rapide
- Mélange de bourrin et de technique (un peu)
- Plus ambitieux narrativement
- Des cinématiques nombreuses et de grandes qualités
- Direction artistique hyper fidèle à Tears of the Kingdom
- Musiques épiques et ambiance soignée
- Graphiquement hyper fidèle à Tears of the Kingdom
- Personnages variés : chaque héros a son propre style de combat
- Les mécaniques de compositions des attaques et objets empruntées à TotK
- Les quelques misions en shoot’em up
- Beaucoup de contenu et bonne longévité (20h – 40h)
- Jouable à 2
Les moins :
- La répétitivité du genre musō
- Très peu d’objectifs différents dans les quêtes
- Le bestiaire toujours un peu le même
- Pas très subtil comme gameplay malgré les efforts
- La caméra et la lecture des situations parfois
Éditeur : Nintendo
Développeur : Koei Tecmo
Date de sortie : 06.11.2025
Plateforme : Nintendo Switch 2
Genre : Musō, Action















































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