Thierry est reporter de guerre. Un dur à cuire; on l’appelle même Rambo. Pourtant sous l’artillerie, Mathilde cogne, suffoque. Elle veut s’extraire, jaillir de cette armure imposée de force, façonnée par les diktats de la religion et des biens pensants. Alors quoi? Se taire, s’étouffer? Mourir à petit feu peut-être? Et pourquoi pas donner vie à Mathilde plutôt ?


C’est alors que le Tic tac de l’horloge se fait entendre. Compte à rebours lumineux. Ambiance tendue, incertaine. Une énorme croix de lumière blanche projetée sur le mur gris. Au dessus, on lit l’inscription Bangkok Hospital. Une femme en nuisette prune se tient debout les bras en croix puis prend la parole. Cette femme, c’était Thierry. Entre rage, coup de blues, rires empressés et coup de folie, Mathilde se confie. Elle raconte son parcours du combattant pour museler la femme qui voulait à tout prix sortir de ce corps. Dans ce seul en scène poignant et parfois drôle, la comédienne Nathalie Mann, silhouette androgyne, visage creusé, voix rauque, profonde interprète ce rôle à merveille en jouant de sa dualité naturelle.

Le texte est vécu avec justesse, retenue. Au fil du monologue, Mathilde prend possession de son corps de femme. On la voit danser comme dans un cabaret tandis que des images de Marylin Monroe sont projetées ou tout simplement s’amuser parmi les sacs plastiques blancs comme autant de nuages.


La mise en scène proposée de Franck Berthier est à la fois poétique et brute. Deux visages qui se font écho pour une dimension plus complexe. Si les moments de danse sont bien vus et bienvenus, une certaine drôlerie l’est aussi. A noter aussi, la large utilisation de projections vidéo et les chansons de Dalida, « grande copine » du metteur en scène (tel qu’il le dit lui-même) qui font sa signature.


Un très beau seul en scène, émouvant et sincère, gonflé d’espoir et d’humanité dont la phrase maîtresse reste pour moi celle-ci :
« Je suis une fée aux pays des possibles. »


Texte : Mathilde Daudet
Mise en scène : Franck Berthier
Jeu : Nathalie Mann

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publié.