Illustration de couverture bien trop terne pour mon goût. Comme il s’agit d’un premier roman, on se doit d’être un peu indulgent… Mais je pense que l’on a tort. En principe la maison d’édition qui a accepté de publier le livre affecte à l’œuvre et à son auteur un « éditeur » chargé d’accompagner le produit. Généralement l’édition se fait sous sa responsabilité, c’est dire s’il veille à la qualité de ce qui sera publié. Un premier roman doit ‘poser’ l’auteur dans le paysage littéraire et les second et troisième assurer sa place.
Là si vous supportez les soixante premières pages votre lecture est sauvée… Elles sont l’exaspération, l’errance hors de soi, la détresse d’un individu qui vient d’être ‘largué’ par celle qu’il aime. C’est violent, poétiquement vulgaire et tendre et ça passe, malgré quelques agacements – que j’imagine voulus et qui bien sûr ne seront pas les mêmes pour tous. Et par le biais d’internet, Melvile le largué – parce qu’il est dit « faible et fragile » – remonte lentement la pente de la sociabilité en se souvenant de ses éveilleuses au monde. Laetitia, la Galopante, Nina. Il en parle alors dans une autre langue, celle châtiée des relations amoureuses… auxquelles le passé confère un certain brillant. C’est tout aussi poétique et plus proche de nous. Quatre récits donc ou plutôt deux et trois. Deux pour Melvile, sa chute et sa déprime d’une part et d’autre part sa remontée et trois pour les éveilleuses…
Nous sommes dans de la bonne littérature. Celle qui ne vous fâche pas avec le fait de lire, celle qui parle de personnes dont on peut voir autour de soi des bribes d’existence. Je vous ai trouvé une citation à propos de la mémoire qui, je pense, rend compte du jeu de l’auteur, c’est Melvile qui parle : « Peu importe la véracité du souvenir, c’est la manière dont on le rapporte qui compte. »… Et nous avons tous en tête quelque belle image souvenir pour alimenter notre nostalgie, non ?
Bonne lecture.
Seuls les fantômes
Auteur : Cyrille Falisse
Editeur : Belfond
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