Avec une illustration de couverture kitsch à souhait qui devrait vous tirer l’œil. Qüity, une journaliste ambitieuse, croit avoir trouvé en Cleopatra matière à grand reportage. Cleopatra est une travestie qui a cessé de se prostituer depuis qu’elle a rencontré la Vierge Marie. Mais Qüity va être subjuguée par Cleopatra au point de se laisser embarquer par le projet de cette dernière. Transformer un bidonville – en Argentine on dit villa – en une communauté autonome. Et cette transformation d’El Poso s’accomplira grâce à une armée de putes, de trafiquants et de voleurs. Une cathédrale en l’honneur de la Vierge Marie sera même érigée. Et, même si ce n’est pas le sujet, je n’ai pu m’empêcher de penser à Madonna chantant Don’t cry for me Argentina… (Evita d’Alan Parker). Le sujet ? J’ai failli dire l’audace, avant de constater que c’est une idée de personne assise devant son écran pour rédiger une chronique sur un livre qui raconte comment la misère s’oppose avec inventivité et ‘noblesse’ à la brutalité de l’ordre établi. Et là, après avoir lu que l’autrice dans un kaléidoscope de vie mélange la culture savante et la culture populaire, j’ai pensé au photographe Sebastiao Salgado qui avait eu à mes yeux le tort d’esthétiser la misère. Avec à chaque fois en retour de réflexion : mais c’est la seule façon de la faire voir, de la montrer. Il faut une voix double. Et ici les souvenirs, le récit de Qüity est corrigé par celui de Cleopatra qui ramène les choses à un niveau plus juste. Et je ne peux m’empêcher de me poser deux questions. Comme il me semble que la traduction fait perdre les accentuations des mots de l’espagnol, la scansion des phrases, ne pourrait-on proposer des éditions bilingues ? Et comment le lecteur francophone perçoit-il le monde présenté dans ce livre ? Comme exotique ?

Bonne lecture pour donner de l’allant.

Pleines de grâce
Auteure : Gabriela Cabezon Camara
Editeur : 10/18

www.10-18.fr

Pleines de grâce
4.0Note Finale

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publié.