Je me permettrai de regretter que le titre de l’ouvrage ‘mange’ une grande partie du ‘bleu’, du ciel de la photo prise par l’auteur. Peut-être n’était-elle pas destinée à illustrer une couverture. Pendant que j’y suis, je vous donne mon avis sur les autres photos qui à l’intérieur montrent des personnes et des lieux. Pour les personnes, je vous renvoie à Roland Barthes (La chambre claire)… Pour les lieux, je les trouve habités même quand ils sont vides de personnes. C’est le regard du photographe qui les fait vivre, les habite.

Pour ce qui est des petites notes, j’ai trois choses à dire. D’abord j’ai, par moments, cru entendre des échos de la voix de Joseph Delteil… Gustave Roud aurait peut-être pu noter à son propos : ‘j’ai croisé Joseph D.’ et l’éditeur aurait ajouté entre parenthèses l’intégralité du patronyme et une note de bas de page, comme ici. Sauf exception il y a un grand nombre de ces personnes dont nous ne savons rien, certaines nous importent peu. C’est aux yeux du poète qu’elles ont une valeur humaine. Et il en parle comme il parle du monde qui l’entoure, dans lequel il existe. Sa présence au monde rend le monde présent. À mes yeux il ne parle du monde et des gens que par ce qu’il en ressent. Le paysage, le pré, s’offrent à lui. En nommant ce qu’il éprouve face à eux il les fait être et il est. Je recommande donc une lecture lente de ce/son monde à tous ceux qui ne se rendent même plus compte qu’ils bougent et pensent dans de l’artificialisé. J’ai cité Delteil qui en bon vigneron savait quand mettre en bouteille, mais je crois que j’aurais aussi pu citer Montaigne. Car, même s’il ne donne pas de leçon ou de recette en citant ce qu’il lit et écoute, Gustave Roud parle de l’homme qui se fait aussi au contact des autres hommes. Je ne saurais mieux vous dire l’actualité et la nécessité de cette lecture que par une citation. C’est une note du 22 août 1933 : « Je sais maintenant que chaque chose, chaque être est toujours sur la frange de l’abîme où il disparaîtra, que ce monde est le monde du sursis. ».

Bonne lecture.

Petites notes quotidiennes (ou presque)
Auteur : Gustave Roud
Editeur : Zoé
Collection : Poche

www.editionszoe.ch

Petites notes quotidiennes (ou presque)
5.0Note Finale

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